Gros bourg de 8 000 habitants dans la province de Tver, à deux heures de Moscou, Novozavidovo a beau jouxter le territoire d'une des résidences du président russe et être un lieu de villégiature prisé des Moscovites, il connaît tous les maux de la gloubinka, la province profonde. L'emploi est rare, les logements sont vétustes, les fruits et les légumes sont chers. En hiver, le chauffage fait parfois défaut, en été, c'est l'eau chaude.
A l'époque soviétique, quatre usines - jouets, chapeaux, grues, pièces détachées - tournaient à plein régime. Désormais, seule l'usine de grue fonctionne avec 150 ouvriers ; 70 % de la population active trouve à s'employer à Moscou. A la belle saison, le mouvement se fait dans l'autre sens, les Moscovites nantis viennent se reposer dans leurs luxueuses datchas. La population double, le bourg s'anime.
Le mauvais côté des choses, c'est que les plages ne sont plus accessibles. Depuis que les riches ont construit leurs villas le long de la "mer de Moscou", le lac artificiel situé non loin du bourg, le littoral a été déclaré "VIP zone". Pour y accéder, il faut un laissez-passer, et encore ! Les voies de la sécurité sont tellement impénétrables en Russie, que même le précieux papier en poche, l'accès n'est pas garanti.
Nul n'est à l'abri du garde grognon, du tampon qui n'a pas la bonne taille, de toutes sortes de subtilités difficiles à saisir. L'auteure de cette chronique s'est ainsi vu refuser un beau jour l'entrée du Parlement à Moscou parce que le tampon de sa carte de presse était "baveux".
Que l'accès aux plages soit interdit, passe encore, mais là où la population a commencé à sérieusement s'émouvoir c'est quand les coupures de chauffage se sont multipliées. L'administration du bourg, panier percé, avait accumulé une grosse dette pour le gaz. En juin 2010, au moment des élections, les députés du conseil cantonal ont tous été renouvelés.
Et Jean Grégoire Sagbo a fait son entrée. Elu haut la main député de Novozavidovo, ce Béninois de 48 ans est apparu comme son sauveur, un "Obama russe", a avancé la presse. "Il est proche des gens, chez nous c'est pas courant", affirme Tatiana, une mère de famille. "Il a l'âme russe ! La larme lui vient facilement...", atteste Viatcheslav Arakelo, le maire du bourg, un ancien militaire qui a combattu en Afghanistan.
Venu du Bénin en 1982 pour faire des études d'économie à Moscou, Jean Grégoire a rencontré sa femme Svetlana au foyer universitaire. Ils se sont mariés, ont eu deux fils, Maxime (24 ans) et Serge (14 ans). Au début, Jean Grégoire n'était pas dans son assiette : "Je me faisais traiter de "singe", on me disait que ma peau était sale, que je devais me laver. C'était désagréable mais contrairement à ce qui se passe actuellement je ne courais pas le risque d'être attaqué." En Russie, entre 2004 et 2010, 427 personnes sont mortes victimes d'assassinats racistes. A Tver, le chef-lieu de la région, de nombreux Indiens, Africains, Asiatiques font des études, de médecine notamment. "Ces étudiants payent pour leur scolarité, personne n'a intérêt à les voir partir. Quand la xénophobie s'est installée, les autorités ont pris les choses en main. La sécurité a été renforcée dans les foyers d'étudiants, les skinheads, auteurs d'agressions, ont été jugés et condamnés. Depuis, plus de problèmes", raconte Jean Grégoire.
Depuis 1989, la famille Sagbo est installée à Novozavidovo, Svetlana a ouvert un commerce. Jean Grégoire est retourné plusieurs fois au Bénin mais sans grand enthousiasme. Son choix est fait : "Mon pays, c'est la Russie." Certes, tout n'est pas parfait mais il y a des solutions. Le hall de son immeuble est sale et décrépi ? "Jan", comme on dit ici, a eu tôt fait de nettoyer et de rénover son palier. Ensuite, il a tenté de convaincre ses voisins de l'imiter.
Lui et Viatcheslav, le maire, sont même allés un samedi reboucher les nids-de-poule de la route. De fil en aiguille, ils ont réinstauré le "soubbotnik", ce rituel de l'époque de l'URSS qui consistait à consacrer bénévolement une journée de son temps libre au nettoyage des espaces publics.
Bientôt, une plage municipale a été aménagée. Jean Grégoire trouvait anormal que les gens du bourg soient privés de plage. "Si on a de l'argent ici, tout est permis. Le mépris des riches envers les pauvres est très grand", déplore Jean Grégoire qui nous reçoit à la mairie, élégant dans son costume-cravate et sa chemise rayée.
Des problèmes plus sérieux l'inquiètent. Il y a trois mois, une femme a frappé à sa porte en pleine nuit pour lui demander de l'aide. Son fils est toxicomane, elle veut le faire soigner. Jean Grégoire a convaincu l'adolescent et vingt-quatre autres de faire une cure de désintoxication. Il a trouvé des fonds ainsi qu'une clinique à Moscou.
Un certificat médical attestant que le malade est toxicomane était exigé pour chacun des patients. Il fallait toutefois éviter que le médecin n'inscrive "toxico" sur le dossier médical des jeunes parce qu'avec une telle mention, impossible de trouver un travail à l'avenir.
"Le premier médecin entrevu m'a réclamé un pot-de-vin de 25 000 roubles (625 euros) pour faire le certificat à trois personnes sans inscription au dossier", soupire Jean Grégoire. Il a fini par trouver un autre médecin. Mais la cure n'a pas fonctionné. Sur les vingt-cinq malades envoyés à Moscou, deux seulement ont suivi le traitement jusqu'au bout. "Ils sont rarement volontaires pour les soins, il faut les obliger", assure-t-il. Sinon, avec 2 millions de toxicomanes, et plus de 30 000 morts d'overdose chaque année, "le fonds génétique russe est en danger".
Source: Lemonde
La
projection d’un documentaire intitulé « la Banane », très critique à
l’égard de la société Plantation du Haut Penja (PHP), premier producteur
de bananes au Cameroun vient d’être interdite par la police
camerounaise. Bien que le réalisateur se défende de ne viser personne à
travers ce film, ce dernier dénonce entre autre, les conditions de
travail et de rémunération des travailleurs de cette firme, ce qui lui a
valu d’être censuré. Et plus largement, la thématique du film permet de
s’ interroger sur les subventions de la filière banane et ses critères
d’attribution.
PHP est une société détenue à 60% par la Compagnie fruitière, basée à
Marseille et près de 40% par l’américain Dole ainsi que par des
actionnaires privés camerounais. Société extrêmement puissante, elle
compte « dans ses rangs des élites locales et des responsables
politiques ». En effet, PHP est membre de l’Association de la banane
camerounaise, un lobby dirigé par un député du parti au pouvoir,
beau-frère du ministre du Commerce, lequel n’est rien de moins que le
président du conseil d’administration de PHP.
PHP « fait ce qu’elle veut à qui elle veut », ses dirigeants « sont
capables de tout » a condamné un homme d’affaires camerounais. « La
Banane » n’a pas du tout été au goût de cette compagnie
franco-américaine. En effet, ce documentaire se veut très critique en
dénonçant tout d’abord l’expropriation des terres de petits exploitants
qui sont ensuite remises à PHP. « Des personnes qui ont refusé de céder
leurs terres ont été emprisonnées » affirme le réalisateur. Ce film
révèle, par ailleurs, l’existence de procédés douteux voire illégaux,
concernant l’accaparement de ces terres par PHP. Ce documentaire
s’indigne également des « conditions de travail exécrables » des 6000
ouvriers qu’emploie l’entreprise.
La moyenne salariale chez les ouvriers est de FCFA 23 000 (35 euros) par
mois, en dessous du salaire minimum fixé à environ 43 euros. Selon le
réalisateur, certains employés cumulent jusqu’à « 14 heures » de travail
par jour. Ajouté à cela, l’absence de liberté syndicale, les
licenciements abusifs ainsi que l’exposition de la population aux
risques sanitaires liés à l’épandage de pesticides, PHP avait été pointé
du doigt dans un rapport de 2009 du Comité catholique contre la faim et
le développement (CCFD) et Oxfam-Agir, qui classait cette entreprise
parmi les « peu scrupuleuses » que l’Union européenne (UE) devrait
contrôler. Depuis dix ans, PHP et deux autres entreprises à capitaux
étrangers se partagent chaque année 5 millions d’euros.
Or l’UE continue de subventionner la filière banane, malgré les
nombreuses critiques qu’elle suscite, pour améliorer sa compétitivité.
Elle reste par ailleurs complétement silencieuse face au comportement
arbitraire de PHP.
Sur le marché international, le Cameroun doit faire face à la
concurrence des produits en provenance des Antilles françaises et des
Canari espagnol qui bénéficient des subventions directes de leurs pays.
Autre concurrente, la banane dollar de l’Amérique latine qui entre sans
limitation de volume sur le marché européen, principale destination des
bananes camerounaises. Le Cameroun bénéficie d’un accès libre et
illimité au marché européen avec un droit de douane nul, mais ce pays
souffre tout de même d’un déficit de compétitivité dû à un coût de
production élevé par rapport aux coûts de production de ses concurrents.
Quelques jours avant que la police camerounaise interdise la projection
de ‘La Banane », une équipe réalisant un documentaire sur l’accaparement
des terres par la Sosucam (Société sucrière du Cameroun), principal
producteur de sucre du pays, avait été placée en garde à vue pendant une
nuit. Un entrepreneur a révélé timidement qu’il était difficile de
parler de ces secteurs primordiaux pour le Cameroun, car beaucoup de
personnalités y avaient des intérêts.
Source: Affaires Stratégiques
Un défilé militaire et civil de plus de 2 heures de temps a
constitué l'apothéose des manifestations marquant la célébration du 51e
anniversaire de l'Indépendance du Togo, mercredi sur le boulevard du
nouveau palais de la présidence de la République à Lomé, a constaté sur
place l'agence Xinhua.
Le chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé a assisté de bout en bout à
cette manifestation, en présence du président de l'Assemblée nationale
Abass Bonfoh, du Premier ministre Gilbert Houngbo, des membres du
gouvernement, des députés à l'Assemblée nationale, des diplomates
accrédités au Togo, des chefs traditionnels et d'une foule des grands
jours.
Une parade des différents corps des forces armées togolaises, de la
police, des groupes constitués et folklotriques a été l'essentiel de ce
défilé marqué par le passage aérien de l'aviation militaire.
L'honneur a été fait à la phanphare de l'armée du Ghana, invitée spéciale de la célébration, de donner le ton du défilé.
Pour une première fois, une délégation de l'Union des forces de
changement (UFC), principal parti de l'opposition togolaise, entré au
gouvernement à l'issue d'une politique de "large ouverture", a pris
siège à la loge officielle.
C'est le cas aussi de plusieurs autres partis politiques qui ont modéré
leur position vis-à-vis du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au
pouvoir), au regard de l'apaisement socio-politique en cours dans le
pays depuis quelques années.
Peu avant du défilé, le président Gnassingbé a porté une dizaine de
personnes dont des chefs traditionnels et des officiers supérieurs de
l'armée à différents grades des distinctions honorifiques du Togo.
Source: Xinhuanet
Une mutinerie de policiers qui a éclaté mercredi soir à Ouagadougou
s'est étendue, jeudi, à plusieurs villes du Burkina Faso, dont
Bobo-Dioulasso. Après des mutineries dans l'armée les semaines
précédentes, la mutinerie de mercredi a touché une caserne de CRS
(compagnie républicaine de sécurité). Des tirs ont d'abord été entendus
vers 22 heures (minuit à Paris), affirment des témoins contactés par
téléphone, dans cette caserne du quartier de Dassasgho, dans l'est de la
capitale burkinabè, soumise depuis près de deux semaines à un
couvre-feu nocturne.
Le Burkina Faso a connu ces dernières semaines une série de mutineries
militaires, à Ougadougou et dans plusieurs autres villes, qui se sont
souvent traduites par des pillages, mais c'est la première fois que des
policiers se mutinent. Tout commes les soldats qui ont fini par obtenir
satisfaction, ces policiers réclament une amélioration de leurs
conditions financières.
Cette mutinerie intervient quelques heures après une nouvelle
manifestation violente de commerçants et de jeunes à Koudougou, ville du
centre du Burkina Faso d'où, après la mort d'un jeune dans une
manifestation, était partie le 22 février la vague de contestation
populaire qui frappe le pays depuis. Les commerçants protestaient contre
la décision du maire, membre du parti au pouvoir, dont ils ont réclamé
la démission, de fermer une quarantaine de boutiques pour non-paiement
d'arriérés de taxes locales, et le prix élevé selon eux des emplacements
sur le marché de la ville. Il ont ensuite été rejoints par de jeunes
élèves.
Les manifestants ont mis le feu au domicile du maire, au siège de la
police municipale, à celui de l'établissement public chargé de la
gestion du marché de la ville, ainsi qu'au domicile de son directeur, et
pillé un grand restaurant, sans que les forces de l'ordre
n'interviennent. Les manifestations de colère contre la vie chère et le
régime du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, proviennent
de la quasi-totalité des couches de la population : militaires, jeunes,
élèves et étudiants, magistrats, commerçants, personnels de santé,
producteurs de coton et maintenant policiers. Le bilan de ces
manifestations est d'au moins six morts.
Pour tenter de contrer le mécontentement populaire grandissant, M.
Compaoré, militaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, a nommé un
nouveau premier ministre, Luc Adolphe Tiao, qui a formé un gouvernement
composé de proches et de fidèles du président, et qui s'y est attribué
le ministère de la défense. Il a également limogé les principaux chefs
de l'armée.
L'opposition a appelé à une grande manifestation, samedi à Ouagadougou,
contre le régime du chef de l'Etat qui, depuis 1991, s'est fait réélire
quatre fois avec plus de 80 % des voix dans des scrutins contestés par
ses opposants.
Source: AFP
Les forces du président ivoirien Alassane Ouattara
ont tué mercredi soir l'ex-putschiste Ibrahim Coulibaly, dit "IB", chef
du "commando invisible" dans le nord d'Abidjan, qui était perçu comme
une menace par le pouvoir même s'il avait contribué à la chute de
Laurent Gbagbo.
Plusieurs centaines de membres des Forces républicaines de Côte d'Ivoire
(FRCI), équipés de pick-up surmontés de mitrailleuses lourdes et de
lance-roquettes, ont lancé mercredi matin une attaque d'envergure contre
le fief d'"IB" dans le quartier populaire d'Abobo (nord), a constaté
l'AFP. Après cette "opération de sécurisation et de pacification", "+IB+
est allé se réfugier dans une cour (d'habitations) non loin d'une usine
à PK-18 (secteur nord d'Abobo)", a déclaré à l'AFP le capitaine Léon
Kouakou Alla, porte-parole du ministère de la Défense.
Dans cette cour, Ibrahim Coulibaly "a pris en otage toute une famille.
Les FRCI ont effectué des tirs de sommation à deux reprises et il a
réagi avec des tirs nourris. Les FRCI n'ont eu d'autre choix que de
riposter, et la riposte lui a été fatale", a ajouté le porte-parole.
L'affrontement qui a eu lieu vers 20H00 (locales et GMT) a fait "deux
soldats tués et plusieurs blessés" côté FRCI, et "sept morts" dans le
camp adverse, dont "IB" lui-même, a-t-il précisé.
Les FRCI avaient durant la journée progressé dans son fief sans
rencontrer de réelle résistance, alors que la population se terrait chez
elle ou avait fui la zone, a constaté un journaliste de l'AFP.
Mais à la mi-journée, l'ancien putschiste se disait en "lieu sûr" et
assurait même qu'"en temps opportun" il lancerait une
"contre-offensive".
Le "commando invisible" avait contribué à la chute de l'ex-président
Laurent Gbagbo le 11 avril, en déstabilisant son régime par la prise de
contrôle progressive du nord d'Abidjan au début de l'année.
Le président Ouattara avait appelé vendredi l'ex-putschiste de 1999 et
2002 à désarmer ses hommes, sous peine d'y être contraint par la force.
"On demandait une semaine, dix jours, le temps de bien expliquer aux
combattants qu'ils doivent désarmer sans conditions. Il faut les
convaincre qu'ils peuvent déposer les armes sans craindre pour leur
vie", avait déclaré à l'AFP au début de l'offensive Félix Anoblé, numéro
deux du "commando invisible".
"IB" avait demandé à être reçu par le chef de l'Etat pour se mettre à sa
disposition. Son entourage avait mis en cause le Premier ministre
Guillaume Soro, accusé de faire obstacle à cette demande.
M. Soro a été l'adversaire historique d'Ibrahim Coulibaly au sein de la
rébellion responsable du putsch raté de 2002 contre M. Gbagbo, force
dont il prit finalement la tête et qui forme désormais le gros des FRCI.
Des affrontements meurtriers avaient opposé en 2004 le camp Soro et
celui d'"IB".
Ibrahim Coulibaly, l'un des personnages les plus mystérieux de la scène
ivoirienne depuis une décennie, avait revendiqué ces derniers jours sa
part dans la chute de Laurent Gbagbo, tout en assurant se placer sous
l'autorité d'Alassane Ouattara, dont il avait été le garde du corps.
Abobo était l'un des derniers quartiers d'Abidjan qui échappaient au
contrôle des FRCI. Elles doivent encore éliminer la menace des miliciens
pro-Gbagbo de Yopougon (ouest), qui opposent toujours une résistance
farouche.
Dans un entretien au quotidien français La Croix à paraître jeudi,
Alassane Ouattara a évalué à près de 3.000 morts le bilan des violences
post-électorales en Côte d'Ivoire, tandis que les Nations unies font
état de près de 1.000 morts.
Il a annoncé qu'il prévoyait d'organiser sa cérémonie d'investiture le
21 mai et qu'il allait créer "d'ici deux semaines" une commission Vérité
et Réconciliation à la sud-africaine. Il compte nommer un "gouvernement
d'union nationale" avant la fin mai.
Source: Le Parisien
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