VEF Blog

Titre du blog : Fédération P.D.G. République Fédérale d´Allemagne
Auteur : ujpdg-allemagne
Date de création : 18-01-2011
 
posté le 27-04-2011 à 13:02:02

Tunisie : l'Europe refuse et l'immigration et le plan Marshall

Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se sont rencontrés à Rome pour évoquer le sort des Tunisiens venus de Lamedusa. Ils ont demandé la révision des accords de Schengen et le renforcement des frontières extérieures. Mais toujours rien pour développer la Tunisie.

La Révolution de jasmin ne sent plus la rose. Du moins pour les Européens. La chute du régime de Ben Ali a provoqué la fuite de milliers de Tunisiens vers l’Union européenne et son espace Schengen sans frontières. On compterait 25 000 migrants arrivés en Europe par l’Île de Lampedusa en Italie. Rome, lassée de jouer les gardes-frontières pour les 27, a octroyé des papiers à ces migrants dans l’espoir qu’ils rejoignent vite la France, Selon les accords de Schengen, les titres de séjour même attribués par Rome permettront en effet à leurs titulaires de séjourner librement en France pendant 3 mois. Histoire de les faire partir au plus vite, les autorités italiennes auraient même distribué des billets de trains gratuits aux migrants selon RTL . On compte déjà 400 de ces migrants ayant trouvé refuge dans un square du XIXe arrondissement de Paris. Une manifestation de migrants a même eu lieu mardi. La France et l'Italie s’étaient déjà écharpées sur cette question, Paris a d’ailleurs émis des critères très stricts pour autoriser le séjour des migrants possédant un titre de séjour italien, une cinquantaine de Tunisiens dans ce cas ont déjà été refoulés.

Ils se sont d’ailleurs rencontrés mardi à Rome pour discuter du sujet. Ils ont convenu de proposer à la Commission et au président du Conseil Européen Herman Van Rompuy de réviser les accords de Schengen afin de rétablir temporairement les contrôles aux frontières intérieures en cas de fort afflux migratoire. « Nous disons qu'il n'y a aucune raison de ne pas évoquer la clause de sauvegarde si un pays est défaillant à garder les frontières des autres » a rappelé Nicolas Sarkozy à Rome. Cette possibilité de contrôles temporaires existe déjà « en cas de menace grave pour l'ordre public ou la sécurité intérieure », clause utilisée en France suite aux attentats de 1995 ou lors du Sommet de l’Otan à Strasbourg en 2009 et en Allemagne lors de la Coupe du Monde 2006 pour éviter l’arrivée de hooligans. A la base, il s’agit donc plus d’une mesure face un péril imminent de sécurité plus qu’un palliatif pour gérer un afflux de migrants économiques.

Dans leur lettre à la Commission et au Président du Conseil, la France et l’Italie ont également proposé un renforcement des moyens de l’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l’UE. Cette agence est actuellement soumise au bon vouloir des Etats membres. Elle est censée éviter qu’un Etat aux frontières de l’Union se retrouve seul face à une crise migratoire. C’est pourtant ce qui a été le cas à Lampedusa malgré l’intervention de Frontex. Un isolement pris en compte par Paris et Rome qui ont demandé « une plus grande collaboration » avec les pays du sud de la Méditerranée. Le Conseil européen de juin sera largement consacré au sujet.


Verrouillage
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Sarkozy supprime le bouclier fiscal... et ronge l'ISF Pour l’heure, la stratégie choisie par Paris et Rome semble donc le verrouillage des frontières tant intérieures que extérieures. Tous deux en difficulté dans les sondages, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont besoin de donner des gages de fermeté à leurs électorats respectifs. Mais d'un autre côté, les deux dirigeants ne pouvaient remettre en cause Schengen sans passer pour des souverainistes sur la scène européenne. D'où cette solution intermédiaire. « Nous voulons que Schengen vive, et pour que Schengen vive, Schengen doit être réformé », a d’ailleurs déclaré Nicolas Sarkozy. Comme un ballon d’essai, la proposition française d'un rétablissement des contrôles avait déjà fuité avant le Sommet, entraînant un tollé politique.

Cela reste pourtant une solution de court terme. Le verrouillage ne peut résoudre à lui seul la question migratoire et l’abolition des frontières encore moins. Une aide aux pays d'origine est également nécessaire pour s'attaquer au problème à la base : la pauvreté, le chômage.... D'ailleurs, en 2007, Nicolas Sarkozy avait brandi sa doctrine du co-développement pour réguler l'immigration en France. Mais aujourd'hui, l’aide au développement de la Tunisie semble peu présente des débats au profit de polémiques sur le nombre d’étrangers à accueillir.

Ce discours simpliste, on le refuse même au PS. « On ne peut pas refuser de soutenir financièrement le Maghreb et s’étonner des flux migratoires », a tonné Jean-Christophe Cambadélis, chargé des relations internationales, dans Libération. Il ajoute que la priorité doit aller à « un Plan Marshall d’intervention pour cette région du monde », c’est seulement ensuite que le socialiste évoque un « statut provisoire » pour ces migrants. La doctrine de la rue de Solférino semble avoir évolué, tout se passe comme si l’idée d’une France terre d’accueil dans un monde sans frontières était déjà dépassée.


Radinerie
Et l’aide apportée par les Européens semble bien chiche pour l’instant. Suite à la chute de Ben Ali, l’Union européenne avait déjà débloqué 17 millions d’euros en urgence. Une somme qualifiée de « ridicule » par le ministre tunisien de l’Industrie Afif Chelbi .« L'Europe démontre de cette manière ne pas avoir saisi la portée de l'événement historique qui s'est produit sur la rive sud de la Méditerranée », a-t-il ajouté. Un autre volet d’aide a été encore annoncé en mars par Bruxelles mais ce n’est qu’une avance sur les 160 millions déjà attribués à la Tunisie pour 2012-2013. Ces 160 millions pourraient être doublés après le 24 juillet, quand une Assemblée constituante sera élue. De son côté, la Banque européenne d’investissement, qui dépend de l’UE, a accordé la somme de 1,87 milliards d’euros à la Tunisie. Mais il s'agit de prêts et non de subventions.

Du côté des Etats, on essaie aussi d’être généreux. La France a déjà débloqué… 350 000 euros d’aide d’urgence. En déplacement la semaine dernière à Tunis, Alain Juppé à promis une aide de 350 millions d’euros... sur la période 2011-2012. Pour l’heure, il n'y a a donc pas de Plan Marshall d'urgence digne de ce nom. Ce n’est pas étonnant dans une Europe où la rigueur budgétaire semble devenue la règle. Fermer les frontières devient alors une fuite en avant, une façon de ne pas voir que cette émigration venant d'une Tunisie avant tout une contrainte économique dans un pays encore déstabilisé par la chute de Ben Ali.

Cette stratégie un calcul à court terme, la répression d’une immigration économique massive risque de coûter plus au final que l’aide au développement des pays d’origine. La Commission a d’ailleurs récemment dénoncé la radinerie des Etats membres, notamment la France à ce sujet. Bruxelles semble soudain découvrir les bienfaits de la dépense publique. Mais il reste aux Tunisiens de faire appel aux prêts du FMI et d’appliquer en retour sa solution miracle : privatiser les plages. La famille Alliot-Marie pourrait être intéressée.

 

Source: Marianne