Ingrid Ataféinam Awadé est incontestablement la femme la plus puissante
du Togo aujourd’hui à la faveur de ses relations intimes avec Faure
Gnassingbé. Née le 3 mars 1973 d’une famille modeste, d’un père
enseignant et directeur d’école, elle fit ses études primaires et
secondaires à Kara. Un de ses camarades de classe aujourd’hui à
l’extérieur du pays se rappelle l’image d’une fille très agitée mais
intelligente qui fréquentait l’EPP Karozo encore appelée EPP Chaminade
que dirigeait son père Awadé Tchaa. Nous sommes dans les années 1985.
Ce souvenir si proche est aussi lointain car la belle (sic) Ingrid a
grandi, mieux, a mûri au point d’être aujourd’hui la femme la plus
incontournable de la galaxie de Faure Gnassingbé capable de faire et de
défaire les hommes et les femmes du système. Un privilège impensable et
inimaginable du vivant de Gnassingbé Eyadema.
Diplomée en Sciences de gestion et nantie d’un DESS en contrôle de
gestion et système d’information, elle débarque au Togo dans les années
1998. Très vite elle fut présentée par un membre de sa famille, Général
de son état, à Alexis Lamsey Looky comme expert comptable. A l’époque
on cherchait au sein du pouvoir à faire la promotion des filles du Nord
et principalement de Kara. C’est donc Alexis Lamseh Looky à l’époque DG
de l’UTB qui se chargea d’intégrer progressivement Ingrid Awadé et
Nathalie Bitho, alors Mme Atchollé dans le système financier. Elle
gravit rapidement les marches, travaille au Fonds GARI qu’elle quitte
le 30 avril 2003. Elle s’occupera ensuite de la SGI (Société de gestion
et d’intermédiation), une filiale de la BRVM (Bourse régionale des
valeurs mobilières) basée à Abidjan, poste qu’elle cumulera avec celui
du DG des impôts jusqu’en 2008 avant de le céder à un de ses proches,
Assigbi Mensah. Elle a profité de sa position de première responsable
de la SGI-Togo pour faire le tour de plusieurs barons du RPT civils
comme militaires et les convaincre d’investir des centaines de millions
dans la BRVM.
De la présidence à la DGI, une montée en puissance
Lorsque le 5 février 2005 le général Eyadema quitta le monde des
vivants, la nomenklatura RPT au lieu d’organiser une succession
respectant la Constitution, alla chercher un certain Faure Gnassingbé
qu’on imposa à la suite d’un tripatouillage constitutionnel unique au
monde. Le règne des jeunes loups venait ainsi de commencer, pour le
plus grand malheur du RPT et des Togolais. C’est alors que dame Ingrid
réussit on ne sait trop de quelle manière, à se glisser dans le cabinet
présidentiel au poste de conseillère financière de Faure Gnassingbé. De
sources concordantes, elle aurait été introduite dans le circuit par un
baron aujourd’hui en disgrâce.
Au lendemain de sa prise sanglante du pouvoir, Faure Gnassingbé était
soucieux d’asseoir son règne. Il se débarrassa en douceur de certains
collaborateurs de son défunt père, notamment au niveau des régies
financières et des sociétés d’Etat. C’est alors qu’Ingrid Ataféinam
Awadé fut catapultée en juin 2006 à la Direction Générale des Impôts en
remplacement du Colonel De Souza Galley. Dès sa prise de fonction, elle
se charge d’asseoir son autorité par des affectations expéditives,
punitives et fantaisistes des cadres des services des impôts et du
recrutement par vague de ses proches.
Dans la guerre de tranchée pour le contrôle du pouvoir qui oppose Faure
à son frère cadet Kpatcha Gnassingbé, Ingrid Awadé qui était
précédemment amie du député de la Kozah avant de rallier le palais de
la Marina, se chargea de neutraliser les soutiens financiers de
l’ex-ministre de la Défense. C’est ainsi qu’elle déclara la guerre sous
le couvert de redressement fiscal à des entreprises ou sociétés de
Libanais proches de Kpatcha. Bassam El Najar, Ramco et bien d’autres
sont passés à la trappe. Cette supposée traque des investisseurs véreux
et faux payeurs n’était qu’un prétexte, puisque une fois ces sociétés
démantelées, les amis et proches de Faure Gnassingbé prennent la relève
avec les mêmes pratiques mafieuses.
Ingrid Awadé, ses hommes, ses méthodes et le pillage organisé de l’économie togolaise
Après avoir démantelé le réseau de Kpatcha Gnassingbé, Ingrid Awadé
s’est empressée de mettre le sien en place. Pour la circonstance, elle
s’entoure d’une brochette de personnes d’horizon divers. A plusieurs
reprises, «La Lettre du Continent» a mentionné dans ses révélations
Kpatcha Bassayi, le directeur de l’entreprise de BTP CENTRO, Germain
Meba de CIB-INTA, Docteur Michel Kodom propriétaire d’une clinique de
la place et responsable de l’ONG AIMES-Afrique. Notre confrère
mentionne également le commissaire divisionnaire AHARH Ahawaré,
directeur de la documentation nationale et bien d’autres personnes.
Des rumeurs dans les milieux des BTP non confirmées par nos
investigations font état de ce que le matériel lourd dont dispose
l’entreprise CENTRO serait une propriété de celle qu’on surnomme la
«dame de fer». On comprend alors pourquoi la plupart des grands
chantiers ne tombent que dans l’escarcelle de CENTRO, notamment le
siège de la DGI en face de l’Ambassade des USA qui aurait coûté plus de
8 milliards de FCFA. C’est également à cette entreprise que revient
souvent la construction des palais du jeune monarque disséminés, sur
l’ensemble du territoire national, particulièrement à Cacaveli, Agou,
Blitta, Kouméa, Défalé, Dapaong. Les plans de ces palaces sont conçus
par une jeune architecte du nom de Limazié travaillant à CENTRO. Selon
des indiscrétions, le palais d’Agou aurait couté plus de 2 milliards de
francs CFA mais aurait été construit avec du matériel de qualité
douteuse. C’est d’ailleurs à l’entreprise CENTRO qu’est revenue la
construction de plusieurs villas luxueuses à la cité OUA où doivent
être hébergés les chefs d’Etat attendus pour le 51è anniversaire de
l’indépendance du Togo le 27 avril prochain. L’architecture intérieure,
notamment la décoration et l’ameublement est revenue à une société de
la même Ingrid gérée par sa petite sœur Abidé Awadé résidant au Canada.
Germain Meba, Directeur général de CIB-INTA et le Docteur Michel Kodom
propriétaire de la clinique Immaculée Conception et responsable de
AIMES-Afrique sont choyés dans la galaxie Ingrid. Le premier a une
exclusivité sur le marché des produits informatiques et des nouvelles
technologies appliquées. Quant au second, il est à la tête d’une
clinique où l’ensemble du matériel, à en croire certaines sources,
serait financé par la Directrice générale des impôts. Il en est de même
de l’ONG AIMES-Afrique dont le matériel serait de dernière génération
alors que le gouvernement peine à trouver les moyens pour doter les
hôpitaux de matériels adéquats. Le Docteur Kodom n’est pas le seul à
être dans les bonnes grâces d’Ingrid Awadé. Sa femme d’origine
Ghanéenne se voit régulièrement confier le juteux marché de commande
des pagnes qui servent à habiller les populations lors des festivités
organisées par le pouvoir de Faure. Pagnes de qualité douteuse qu’elle
commande au Ghana avec à la clé une facture très salée.
Dans une récente révélation, «La Lettre du Continent» a rapporté
qu’Ingrid Awadé intervient également dans la sécurité de son «ami»
Faure Gnassingbé. Pour la circonstance, elle s’attache les services du
commissaire divisionnaire AHARH Ahawaré, directeur du service de la
documentation nationale et de certains officiers israéliens actifs à la
présidence appartenant au réseau du sulfureux Charles Debbasch. Ce
commissaire divisionnaire responsable du club de basket Swallows dont
Ingrid est membre, reste toujours, selon certaines sources, le premier
responsable des RG (Renseignements généraux).
A l’égard de tous ces gens, Ingrid Awadé sait être généreuse. En guise
de récompense aux multiples services rendus, elle les arrose de biens
matériels, notamment de somptueuses villas par dizaine, des terrains,
des voitures de luxe, des comptes bancaires garnis et même des
appartements à l’extérieur. Certains de ses proches dont les épouses
sont devenues des commerçantes bénéficient de passe-droits pour
déverser sur le marché togolais des tonnes de marchandises sans payer
les impôts et les taxes douanières. Selon des sources généralement bien
informées, la Directrice générale des impôts aurait offert récemment à
l’épouse d’un de ses proches une voiture de luxe de marque Lexus et une
Peugeot 607 au fils de la même personne élève dans un lycée de la
place. Elle sait également entretenir les hauts gradés de l’armée
(chefs corps, chefs de renseignement, responsables des forces de
sécurité) à qui elle envoie de temps à autre des millions de francs.
Nos investigations nous ont conduit au ministère de l’Economie et des
Finances où Ingrid Awadé tient les locataires des lieux en respect, en
commençant par le premier responsable Adji Ottèth Ayassor. Ce dernier
qui donne l’impression d’un homme de rigueur reçoit paradoxalement ses
ordres de sa subordonnée, c’est-à-dire de la Directrice des impôts
qu’il appelle volontiers «Maman». La dernière illustration est cette
fameuse décision d’envoyer les agents des impôts au cordon douanier
pour prélever directement la TVA, une décision suscitée sans doute par
la Directrice des impôts. Au sein du ministère de l’Economie et des
Finances, certains cadres sont scandalisés par l’assujettissement du
ministre à la Directrice. Cette dernière n’hésite pas à distribuer à la
fin de chaque semaine des billets de banque à certains agents du
ministère afin que les dossiers venant des impôts soient traités avec
diligence. Quant aux autres services de l’Etat qui ne mouillent pas les
cadres dudit ministère, leurs dossiers traînent souvent dans les
tiroirs.
Ingrid Awadé, c’est aussi la fuite organisée des capitaux vers
l’extérieur. Depuis son arrestation à l’aéroport de Paris Roissy
Charles de Gaulle en 2007 avec une forte somme d’argent avant d’être
relâchée suite à l’intervention de la présidence togolaise, elle s’est
désormais tournée vers les pays peu regardants sur l’origine des
centaines de millions qui arrivent sur leur territoire. Pour ce faire,
Dubaï est devenu la destination privilégiée. D’importantes sommes
d’argent quittent le Togo chaque semaine en direction de ce pays ou
vers d’autres destinations comme le Canada où réside la petite sœur de
la Directrice des impôts. Une fuite importante de capitaux qui échappe
curieusement à la fameuse ANR qui s’acharne sur de pauvres commerçants
qui gagnent leur argent à la sueur de leur front. Comment peut-on
oublier que c’est elle qui signe les titres fonciers? Elle profite de
sa santé financière pour collectionner les immeubles sur l’ensemble du
territoire national. A Kara, on dénonce une spéculation foncière tous
azimuts à laquelle elle et sa famille se livrent en achetant à tour de
bras les terrains bâtis et non bâtis dans la ville. Ingrid déteste le
RPT et pousse constamment Faure à créer son parti
C’est une évidence qu’entre Ingrid Awadé et le RPT, ce n’est pas le
grand amour, pour ne pas dire que la «dame de fer» voue une antipathie
au vieux parti qui a porté Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005. Selon
toujours «La Lettre du Continent», au lendemain des élections
législatives et après l’embastillement de Kpatcha Gnassingbé, elle
projetait de créer un parti pro Faure Gnassingbé afin de se débarrasser
du lourd passé politique hérité de feu Eyadema. Mais ce projet qui date
de l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir a foiré à plusieurs
reprises par la volonté des caciques du régime. Mais selon des sources
crédibles, l’idée ne serait pas définitivement rangée au placard.
Pour les campagnes électorales dans lesquelles elle joue un rôle
majeur, elle prive le RPT de moyens et s’appuie sur son propre réseau
d’associations et d’obligés. On évoque l’association d’un de ses
proches Noel D’Poukn, responsable du matériel à la direction des
impôts, propriétaire d’une agence de communication. En moins de deux
ans, ce jeune est devenu un Crésus de la place. On cite également le
frère cadet d’un proche d’Ingrid, avocat de son état qui aurait
abandonné son travail en Suisse pour s’établir à Lomé où il obtient le
juteux marché de la confection des Tee-shirt pour les grandes
manifestations du pouvoir. Toujours pour les activités politiques, il
ne faut pas oublier de mentionner la fameuse ONG NAFA qui dit être dans
la micro finance. C’est dans les sacs de jute que le Béninois qui
dirige cette ONG prend régulièrement sa part du gâteau togolais,
c’est-à-dire des billets de banque. Il faut ajouter à cette liste
d’autres obligés qui sillonnent régulièrement le territoire national
avec des centaines de millions dans des mallettes. A défaut de créer un
parti pour son «ami», Ingrid Awadé utilise l’arme financière contre le
RPT dont la trésorière Ibrahima Méimounatou serait sa rivale dans un
autre registre.
Toutes les activités que nous venons de mentionner sont financées par
les recettes des impôts ponctionnées directement à la source et des
centaines de millions perçus dans les sociétés d’Etat. Rien d’étonnant
lorsqu’on sait qu’a chaque année, le budget national du Togo est
toujours squelettique alors que le pays regorge d’énormes
potentialités. L’économiste Michel Nadim Khalife déclarait dans une
analyse que chaque année environ 300 milliards de francs CFA quittent
le Togo pour des destinations inconnues.
Ingrid Awadé généreuse et dangereuse
Ingrid Awadé sait entretenir ses amis, ses proches et ses obligés en
les couvrant de bien matériels mais aussi en leur offrant des facilités
pour s’enrichir à une vitesse exponentielle. La plupart de ses fidèles
sont devenus, comme elle, en l’espace de quelques années, des
millionnaires. Mais elle aime aussi se faire respecter. Comme on le
dit, le pouvoir est au bout de l’argent. Dans le harem du «jeune
prince» où gravitent plusieurs prétendantes, dame Ingrid Awadé joue son
va-tout et n’hésite pas à créer des ennuis à ses adversaires et à ses
concurrentes (sic). Sylvestre Mensah l’oncle de Faure Gnassingbé,
député à l’Assemblée nationale et proche de la Directrice des impôts
l’a appris à ses dépens. Il a été sommé de vider en trois jours la
luxueuse villa d’Ingrid qu’il occupait à la résidence de la caisse. Son
crime est d’avoir représenté Faure Gnassingbé au baptême d’un enfant
d’une de ses rivales.
Quelques mois auparavant lors de son 47è anniversaire, le sieur
Sylvestre Mensah aurait reçu de la même dame, selon nos sources, une
forte somme d’argent et des cartons de champagne. Un autre directeur
d’une société d’Etat a failli perdre son poste après avoir accordé un
marché de publicité à une rivale de la «dame de fer». Elle s’est
également brouillée sans que l’on ne sache pourquoi avec sa camarade
Nathalie Bitho. Conséquence, cette dernière a été virée du
gouvernement. Marquant «le prince» à la culotte, elle s’occupe de la
commande de ses effets personnels. Femme de pouvoir, elle adore le
champagne, particulièrement la marque adorée de son «ami», le
Taitingher vendu à plus de 1200 euros la bouteille. Selon des sources
concordantes, elle en ingurgite des fois au point de rentrer dans un
état second. Autre illustration de sa prodigalité et de son emprise sur
son prince charmant et les biens de l’Etat, il nous revient que le
chocolat qu’elle consomme se commande depuis Paris et lorsque le stock
finit, c’est avec, tenez-vous bien, l’avion présidentiel qu’elle va
s’approvisionner. Dans l’entourage même de Faure, elle règle ses
comptes à tous ceux qui osent l’importuner. Ce n’est pas Gilbert Bawara
qui nous démentirait. De même que d’autres barons civils comme
militaires tombés aujourd’hui en disgrâce. Pour sa propre protection et
sa puissance, elle affectionne des marabouts nationaux comme
internationaux qui défilent toute l’année à son domicile.
Le dossier sur les méthodes, les pratiques, les réseaux mafieux de
celle qui se prénomme officieusement première dame nous prendrait des
pages entières. L’essentiel à retenir est que sortie de nulle part,
issue d’une famille plus ou moins modeste, elle a réussi en 5 ans de
règne de Faure Gnassingbé à changer de statut social pour devenir une
milliardaire dans un pays où plus de 62% de la population vit sous le
seuil de pauvreté. Ange noir ou démon blanc, nymphomane ou femme de
caractère, jusqu’où ira Ingrid Atafeinam Awadé dans sa recherche
effrénée du pouvoir, de l’argent et de la puissance? Cette question
reste une préoccupation majeure de la plupart des barons du RPT
relégués aux oubliettes de l’histoire et surtout des opérateurs
économiques victimes permanentes des règlements de comptes sous le
couvert de redressement fiscal.
Source: Etiame.com