Cette réunion fait suite aux appels répétés des différents partis politiques et de la société civile concernant l’utilisation de la biométrie dans le cadre des prochaines élections législatives. Répondant favorablement à leur demande, le Président de la République a pris l’option d’une large concertation avec les forces vives de la nation. L’objectif est d’expliquer les choix possibles en matière de biométrie, afin que tous les intervenants politiques disposent de la même information.
La société
MORPHO (groupe SAGEM/SAFRAN), spécialiste mondial de la biométrie et de
la sécurité a été mandatée par l’état gabonais pour la mise en œuvre de
cet outil au Gabon.
La mise en place de la biométrie repose sur trois étapes fondamentales :
-l’enrôlement, c’est-à-dire le recueil d’informations de l’ensemble de
la population gabonaise afin de permettre la vérification de l’identité
des citoyens ;
-le traitement informatique des données qui permet de comparer l’ensemble des données biométriques et détecter les anomalies ;
-la production des titres sécurisés et personnalisés comme les cartes
d’identité, cartes d’électeur, cartes de fonctionnaire, permis de
conduire, et autres.
Compte tenu du temps restant jusqu’aux prochaines élections législatives, deux scénarii ont été avancés par le Directeur de programme de MORPHO.
Un scenario express permettra la mise en œuvre de la biométrie avant l’échéance électorale fin 2011. Cette solution qui demandera 5 mois de travail pour un coût d’environ 60 milliards de FCFA, permettra uniquement la mise en place des cartes électorales biométriques. Compte tenu du faible laps de temps d’ici la fin de l’année, toutes les données collectées seront traitées en Europe ainsi que la production et la personnalisation des titres. Ce scenario nécessitera l’achat de 2000 valises biométriques – 1500 à usage fixe pour les bureaux d’enrôlement et 500 mobiles pour se déplacer à travers tout le Gabon. 6200 agents seront déployés sur le terrain dont 4000 fonctionnaires fournis par l’état gabonais pour gérer l’accueil des citoyens et la saisie des formulaires sur les 4 à 5 semaines d’enrôlement prévues.
Le deuxième scenario prévoit la création d’un site de traitement des données et de production des titres au Gabon. Il permettra un meilleur contrôle des données sur le territoire. Ce scenario d’une durée d’un an environ, nécessitera le déploiement de 800 personnes et l’acquisition de 200 valises biométriques. Il permettra d’obtenir des informations qui serviront par la suite pour réaliser d’autres sortes de titres (séjour, passeport, permis, carte d’identité…) Cette solution, comparativement au scénario express fera économiser près de 20 milliards de francs CFA à l ‘Etat.
Trois types de contraintes (techniques, financières et légales) ont été identifiés concernant la mise en place express de la biométrie avant la fin de l’année 2011.
Concernant les contraintes techniques, « La mise en place d’un tel processus est lourde et complexe. Elle suppose la mobilisation de moyens techniques, logistiques et humains importants » a déclaré le Chef de l’Etat. Il a ensuite ajouté que « la conclusion logique est qu’il est difficile de réaliser un produit fini de qualité en moins d’un an ».
S’agissant des contraintes financières, au coût habituel de 26 milliards pour organiser des élections législatives, il faudra ajouter 30 milliards de budget supplémentaire pour l’organisation de l’enrôlement ainsi que 30 milliards pour la prestation et le matériel fourni par MORPHO, or, ce surplus de dépense n’a pas été prévu dans le budget de l’état.
Au niveau des contraintes légales, le Gabon s’est engagé depuis une vingtaine d’années à être un état de droit démocratique. « La loi relative à l’informatisation et à la liberté individuelle devra être auparavant votée à l’Assemblée et le code électoral sera révisé afin d’y ajouter l’enrôlement biométrique, et ceci avant les élections » a déclaré le Ministre de l’intérieur.
Alors que la
nécessité de la mise en place de la biométrie au Gabon est reconnue par
tous, un certain nombre de questions demeurent pourtant, devant la
volonté d’implémenter cet outil avant la fin de l’année.
« Peut-on et doit-on sacrifier certains investissements programmés,
notamment ceux de la Coupe d’Afrique des Nations, pour réaliser la
biométrie électorale ? Doit-on engager un tel processus avant d’avoir
mis à niveau le corpus légal ? Faut-il envisager un report des élections
au delà des délais légaux, c’est à dire au plus tard le 24 décembre
2011 ? Si oui, quelle serait la durée de ce report ? Un report des
élections législatives conduirait à saisir la cour constitutionnelle en
vue de la vérification d’un éventuel cas de force majeur. Serait-ce
vraiment le cas ? » a questionné Ali Bongo Ondimba à l’assemblée.
Il a ensuite demandé à toutes les personnes présentes d’agir en
personnes responsables et de réfléchir à ces questions : « Nous sommes
devant un choix important et j’ai voulu que ce choix soit pris par nous
tous. La question des élections législatives nous regarde tous. »
Le Président a rappelé que la CAN ne devait pas être mise en danger à cause de la mise en place de la biométrie.
« Nous disposons tous des mêmes informations. Je voudrais que les forces
politiques prennent le temps de la réflexion et que nous nous
retrouvions afin d’échanger sur le fruit de nos réflexions et s’arrêter
sur une décision » a conclu le Président.
Une prochaine réunion aura ainsi lieu le 9 mai prochain afin de prendre
la décision qui réunit le plus de consensus et offre les meilleures
perspectives pour l’avenir du Gabon.
Source: Presse Présidentielle