Alors
qu’aussi bien le président Alpha Condé que l'opposant, Cellou Dalein
Diallo, sont hors du pays, le domicile de ce dernier a été
perquisitionné dans la journée du mardi 10 mai 2011. Des bérets rouges
de la garde rapprochée de la présidence de la République, s’y seraient
introduits et auraient affirmé être à la recherche de « militaires » et
d’« armes ». Cet acte dont ignore encore aussi bien l’identité des
auteurs que celle des commanditaires demeurent, pour de nombreux
observateurs, un véritable mystère, tant on ne s’y attendait pas...
Quasiment, la nouvelle a surpris tout le monde. La présence en ce mardi
10 mai 2011, des militaires de la garde présidentielle dans l’enceinte
de la résidence privée du candidat malheureux au second tour de
l’élection présidentielle du 7 novembre dernier n’était attendue
personne. Rien ne laissait présager un tel acte. Surtout que l’intéressé
n’est pas actuellement en Guinée.
Par ailleurs, jusque-là, le leader de l’UFDG n’était évoqué que dans le
cadre de la publication des résultats de l’audit mené par le régime du
CNDD. Il y a été mentionné dans le dossier de privatisation de la
compagnie aérienne nationale, Air Guinée. Curieusement, les bérets
rouges, qui à bord d’un 4x4, ont débarqué à son domicile de Dixinn, hier
mardi, étaient à la recherche d’armes et de militaires qu’ils
soupçonnent d’y être cachés.
Le problème, c’est qu’ils en sont repartis, les mains vides. Ni armes,
ni militaires n’auront été trouvés. D’ailleurs, même si les accusations
étaient sérieuses et fondées, est-ce la meilleure manière de procéder ?
N’aurait-on pas mieux fait de se munir d’un mandat de perquisition en
bonne et due forme ? En tout cas, du côté des principaux lieutenants de
l’UFDG, on brandit déjà l’accusation de violation de domicile. Et Bah
Ouri, vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée,
promet de se référer à la justice. La question est de savoir si on est
en présence d’une justice indépendante ?
Plus globalement, les proches de Cellou Dalein Diallo crient à
l’intimidation. Pour eux, l’intention que cache cette descente musclée
des soldats au domicile du leader de l’UFDG, est de faire peur à celui
qui se présente comme chef de file de l’opposition guinéenne. Etant
convaincues que la véritable menace se trouve justement être Cellou
Dalein Diallo, les nouvelles autorités chercheraient alors à l’amener à
se rétracter, à agir moins et pourquoi pas à fuir ? Déjà, certains
observateurs assimilent son séjour actuel au Sénégal, bien après qu’il
ait reçu le cauris de la paix, à une fuite déguisée. Pour ces derniers,
les menaces à peine voilées par le biais des audits commencent à porter
fruit.
Mais ce qui rend la perquisition du domicile de Cellou Dalein Diallo
totalement incompréhensible, c’est le fait qu’elle s’inscrit en
porte-à-faux avec le discours de réconciliation et de cohésion sociale
qui constitue la trame du message officiel des nouvelles autorités. Or,
vu les cristallisations communautaires autour de la politique en Guinée,
cet acte risque d’être assimilé à un acharnement contre Cellou Dalein
Diallo. Surtout que lui et beaucoup de ses proches ne perdent aucune
occasion de se proclamer en éternelles victimes du régime.
La responsabilité du gouvernement et même du président de la République
aussi fait débat. On se demande si les bérets rouges qui sont allés au
domicile de Cellou sont ce qu’on appelle habituellement des «éléments
incontrôlés » ou s’ils ont agi selon un ordre précis ? S’il est encore
très tôt, pour se prononcer pour l’une ou l’autre de ces deux opinions,
la réaction du gouvernement vis-à-vis de l’acte devrait rapidement
donner une idée.
Source: Guineeconakry.info