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Titre du blog : Fédération P.D.G. République Fédérale d´Allemagne
Auteur : ujpdg-allemagne
Date de création : 18-01-2011
 
posté le 14-05-2011 à 21:58:57

De coups d'État en dictatures, l'histoire convulsive d'Haïti: Première république noire indépendante

Première république noire indépendante en 1804, la «perle des Antilles» d'alors a connu depuis deux siècles de chaos politique.

La «perle des Antilles»

Au commencement d'Haïti étaient les populations Taïnos (du groupe des Arawaks) et Caraïbes. L'actuel nom du pays vient d'ailleurs d'«Ayiti», qui signifiait en langue Taïnos «Terre des hautes montagnes». Mais c'est l'arrivée de Christophe Colomb, en 1492, qui fait basculer l'île (aujourd'hui divisée entre Haïti à l'ouest et la République dominicaine à l'est) dans l'histoire mondiale. Le découvreur la nomme «Española», devenu «Hispaniola». Les Espagnols, qui ne pensent qu'à exploiter l'or que renferment les sous-sols de ce territoire, forcent les autochtones à travailler dans leurs mines. En moins d'un quart de siècle, les populations indigènes sont décimées. Elles seront remplacées par des esclaves envoyés d'Afrique.

Au XVIIe siècle, des Français commencent à investir l'île pour y installer des plantations, notamment de canne à sucre. Comme les Espagnols, ils recourent massivement à l'esclavage. En 1697, Louis XIV se fait céder la partie occidentale d'Hispaniola, par le traité de Ryswick, sous l'appellation Saint-Domingue. Colonie la plus prospère des possessions françaises d'outre-mer, elle est surnommée «perle des Antilles».

 

Première république noire

Les choses se gâtent pour la France après la révolution de 1789. Le vent du changement porte jusqu'à Saint-Domingue, où les esclaves sont 700.000, quand les Blancs qui les encadrent sont moins de 50.000. La révolte éclate en 1791. Toussaint Louverture, leader du mouvement, se rallie à la France quand celle-ci consent en 1794 à abolir l'esclavage. Mais la menace de son rétablissement par Bonaparte l'amène à reprendre les armes. Le 8 juillet 1801, Toussaint Louverture proclame l'autonomie de l'île. Bonaparte, qui n'est pas encore empereur mais premier Consul, répond par l'envoi d'une puissante expédition. Mais les troupes françaises sont battues. Une victoire que Toussaint Louverture, mort en captivité dans l'intervalle, ne verra pas. Ses successeurs proclament le 1er janvier 1804 leur indépendance définitive, faisant d'Haïti la première république noire libre de l'histoire. En 1814, le traité de Paris rattachera à nouveau l'est de l'île (qui deviendra la République dominicaine) à l'Espagne, la république d'Haïti n'en gardant que la partie occidentale.

De coups d'État en dictatures

L'ancienne colonie n'a quitté l'esclavage que pour plonger dans deux siècles de chaos politique. Entre 1804 et 1957, quelque 24 chefs d'État sur 36 seront renversés ou assassinés. Pour ajouter à ces difficultés, les Américains décident à la faveur de la première guerre mondiale d'occuper militairement le pays, jusqu'en 1934. Une occupation dure, qui ne permet pas au pays de sortir de la misère. L'épisode crée malgré tout des liens durables : par la suite, plus d'un million d'Haïtiens se sont réfugiés au États-Unis, en Floride surtout.

Les Duvalier, 29 ans de tyrannie familiale

En 1957, le médecin François Duvalier, dit «Papa Doc», arrive au pouvoir lors d'élections truquées avec l'appui de l'armée. Il établit un régime dictatorial, s'appuyant sur sa milice personnelle, les «Tontons macoutes». Autoproclamé président à vie, il meurt en 1971, non sans avoir désigné son fils, Jean-Claude, comme successeur.

«Baby Doc» devient donc le nouveau président à vie et perpétue la tradition familiale des milices violentes et de la corruption. «Il faut que les choses changent ici», déclarera en 1983 le pape Jean-Paul II, en visite sur cette terre très catholique. C'est chose faite en 1986 : au terme de manifestations anti-gouvernementales qui font plusieurs dizaines de morts, «Baby Doc» est contraint à l'exil. Il ne reviendra qu'en 2011, pour être inculpé de corruption et vol.

Aristide, l'espoir déçu du premier président librement élu

En 1990, la première élection démocratique de l'île porte au pouvoir le père Jean-Bertrand Aristide. L'espoir généré par ce prêtre proche des couches populaires, pourfendeur des «Tontons macoutes» et de l'impérialisme américain, est immense. L'euphorie sera de courte durée, Aristide étant renversé au bout de six mois par un putsch militaire. Il reprendra son poste à la faveur d'une intervention américaine, en 1994. Mais dès lors, le régime n'aura de cesse de se durcir. C'est le retour à un système de milices, les «Chimères», et à la corruption. Aristide quitte le pouvoir en 1996, revient en 2000 mais fait face en 2004 à une grave insurrection. Sous la pression des États-Unis et de la France, il finit par démissionner et s'exile en Afrique du Sud (pour en revenir, comme Duvalier, en 2011). Dans le même temps, 7500 Casques bleus arrivent dans le pays pour tenter de le stabiliser.

Un pays dévasté par les fléaux

En 2006, René Préval accède à la présidence. Son arrivée au pouvoir marque la fin de la dictature et des milices, mais pas du chaos. Haïti est alors l'un des pays les plus pauvres au monde. 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté (deux dollars par jour), plus de la moitié dans un état de pauvreté extrême (moins d'un dollar).

À cette sitation économique désastreuse s'ajoutent les fléaux naturels qui frappent régulièrement le pays. En 2008, année des émeutes de la faim qui ont secoué le pays, quatre ouragans dévastent Haïti, faisant 800 morts. Deux ans plus tard, le 12 janvier, un séisme majeur secoue la région de Port-au-Prince. Il fait 250.000 morts et laisse plus de 1,2 million de sinistrés. À la mi-octobre, le choléra fait son apparition, tuant près de 5000 personnes.

C'est dans ce contexte qu'a été élu en mars dernier Michel Martelly. La victoire surprise de l'ex-chanteur populaire montre l'ampleur de la défiance des Haïtiens à l'égard de la classe politique. «J'ai les mains propres», n'avait cessé de mettre en avant «Sweet Micky» pendant sa campagne. Une campagne durant laquelle il a promis «une nouvelle ère» pour Haïti. Sa tâche est immense.

 

Source: Le Figaro