Entre les deux « joueurs », certainement les plus
influents du pays, la bataille à l’éligibilité de la palme d’or de la
personnalité la plus impopulaire et la plus détestée du pays fait des
émules et se joue assez serrée.
Lions Indomptables du Cameroun, contre les Lions de la « Téranga » du
Sénégal. 47ème minute de la 2ème mi-temps ; le Cameroun qui est dans
des sales draps, obtient un penalty. Après quelques moments d’hésitation
et d’indécision, Samuel Eto’o Fils, le capitaine de l’équipe nationale
du Cameroun, prend ses responsabilités et s’empare du ballon. Dans la
grande salle où une vingtaine de spectateurs regardent le match, douze
d’entre eux ouvrent les paris. « Parions 5.000fcfa qu’il va rater »,
lancent-ils. Ne s’arrêtant pas là, les douze spectateurs posent les
genoux sur le sol, implorent Dieu, à travers son fils Jésus Christ pour
exhausser leur prière. La suite, on la connaît, Samuel Eto’o Fils,
manque son pénalty.
A l’issue du « combat des fauves » qui s’achève par un score vierge de
zéro but partout entre les deux formations, s’ouvre un « curieux » hit
parade. Qui du président de la République Paul Biya ou du capitaine de
l’équipe nationale du Cameroun, détient en ce moment le record de la
personnalité la plus « critiquée» ?
Jusqu’ici, le président Paul Biya, était en pôle position ; il en était
même devenu le « souffre douleur » des Camerounais. Il suffit que les
employés appartenant à un même corps de métier, entrent en grève, c’est
Paul Biya qui dérange. Quand Gilbert Tsimi Evouna multiplie des « casses
» dans les quartiers ou que la police municipale met les sabots sur une
voiture mal garée, « est-ce qu’on va vivre dans ce pays avec Paul Biya
». Un ministre entre en rébellion avec les décisions de la Cour suprême,
encore Paul Biya qui dérange. Un conducteur de ben-skin, roule à
tombeau ouvert sur la chaussée, c’est la faute à Paul Biya. Lorsque à la
maison, le responsable de la famille multiplie des maîtresse, furieuse
et très en colère, son épouse accuse Paul Biya.
Depuis quelques mois, Samuel Eto’o Fils occupe une bonne position dans
cette « cathédrale de la haine et de l’animosité ». Contre le capitaine
de l’équipe nationale, il y a plusieurs campagnes haineuses. Leur
outrance aux frontières de l’insinuation injurieuse et de l’attaque
personnelle, est devenue sans limites. Joel Matip n’est pas appelé à
l’équipe nationale, c’est la faute à Eto’o Fils ; Assou Ekotto est-il
blessé et ne peut venir jouer contre le Sénégal, c’est Eto’o qui dérange
; Alexandre Song refuse de serrer la main à Eto’o, c’est encore la
faute au capitaine des Lions Indomptables. Tchoupo Moting fait un loupé,
Eto’o ne vaut rien ; le gardien camerounais apprécie-t-il mal une
balle, Eto’o là dérange. Sur le banc de touche camerounais, le staff
technique fait-il un mauvais remplacement, encore la faute à Eto’o.
Qu’il soit Paul Biya ou Samuel Eto’o Fils, les camerounais ne discernent
plus. Ils ne ratent aucune occasion de s’écrier : « haro sur le baudet
», à l’encontre de ces deux personnalités. Samuel Eto’o Fils est-il
aussi redoutable et redouté au point de mettre à sa « solde », tous ses
coéquipiers et le gratin de dirigeants du giron footballistique
camerounais ? « C’est lui l’instigateur de tous les troubles au sein des
Lions. C’est à cause de lui qu’on ne gagne plus. Il est la mauvaise
graine qui gangrène l’équipe nationale... » S’indignent plusieurs
camerounais. A cause du football, la société camerounaise devient au fil
des jours, intolérante, irrespectueuse et haineuse. Au lieu d’être un
jeu, le foot s’affirme être un espace où, on massacre les autres.
Plus de détracteurs que de supporters
Samedi dernier, la cuvette de Mfandena était certes pleine à craquer.
Mais bien malin qui pourrait présenter des statistiques en faveur des
Lions Indomptables du Cameroun. Ils sont nombreux qui sont allés au
stade Ahmadou Ahidjo, en « serrant les fesses », en implorant tous les «
dieux » pour que l’équipe nationale ne gagne pas son derby. Et c’est
ici que par le perpétuel « double langage », le supporter camerounais de
l’équipe nationale étonne. Comment peut prier tous les « dieux du monde
», les supplier pour la défaite des Lions et s’illustrer par des actes
de pyromanie, lorsque le voeu est exhaussé?
Quelques Sénégalais présents au stade, ont été surpris de constater que
l’union sacrée autour des « fauves » du Cameroun, est une vue de
l’esprit. Le public camerounais en majorité, est le premier « tombeur »
des lions. Nombreux sont des « anti lions ». La situation est d’autant
grave, qu’un collectif de psychiatres et de psychanalystes, mérite de
venir à la rescousse. Ceux qui ont vu le match de samedi, ont vu une
équipe des lions, conquérante, engagée et manifestement à la recherche
de la victoire.
Les spécialistes du football, sont unanimes ; ces derniers jours, on n’a
pas vu Samuel Eto’o Fils (pourtant en fin de saison), aussi
virevoltant, conquérant. On aurait dit qu’il avait absolument besoin de
marquer ce but qui allait le réconcilier avec le public camerounais. Il
n’y pas plus que lui, qui d’autre, à avoir tant voulu mettre la balle
dans les filets, pour un but qui devait être l’un des plus importants de
sa carrière. Mais il n’y est pas parvenu. Il y a des moments sans.
Il y a des jours où, rien ne vous réussit. Inutile d’en rajouter comme si, Samuel Eto’o, n’est pas le premier déçu et chagriné par ce qui est arrivé. « Comme il est de Paul Biya, dont on réclame le départ, parce que ne pouvant plus rien apporter au Cameroun, que Samuel Eto’o Fils s’en aille » avouent en chœur plusieurs camerounais. Ils ont peut-être raison. Autant Paul Biya n’est ni diable ni Dieu, Samuel Eto’o, n’est ni ange ni démon.
Source: Camer.be