Il
existe actuellement 89.000 réfugiés rwandais en RD Congo disséminés
entre les provinces de l’Est et du Centre et près de 53.000 réfugiés
congolais actuellement au Rwanda au camp de réfugiés de Kiziba.
Tous des déplacés forcés suite aux guerres qui ont secoué la sous
région depuis le début des années nonante à ce jour. Les uns ayant fui
le Rwanda suite au génocide et à l’avancée des soldats du FPR durant
leur conquête du pays les autres ayant dû abandonner leurs localités du
Kivu en Rd Congo pour se réfugier au Rwanda suite aux différents
combats entre l’armée Congolaise et les groupes armés tels que le CNDP
et le RCD.
Actuellement, selon une déclaration du Haut Commissariat aux Réfugiés
des Nations Unies faite à Radio Okapi, organe de presse de la mission
de l’ONU en RDC, environ 90% de ces réfugiés rwandais installés dans la
province du Kasaï orientale, en RD Congo, seraient demandeurs de la
nationalité congolaise car, selon le HCR, ils se sont intégrés,
participent à la vie socio-économique locale, jouissent des mêmes
droits que les congolais mais sans droit de participer à la vie
politique ou aux élections.
De l’autre côté, au Rwanda, la situation des réfugiés congolais est
tout à fait différente. L’intégration n’est pas vécue de la même
manière. Les moyens mis en place pour leur intégration restent faibles
et ces derniers ne manifestent pas le même désir de rester au Rwanda et
encore moins d’en demander la nationalité. Pour ces réfugiés, l’optique
du HCR est à la formation scolaire mais aussi au retour en RD Congo.
Le décor étant planté, voici « là où les romains s’empoignèrent« !
Compte tenu de la situation créée en 1997 par LD Kabila qui vit se
déverser en RD Congo, alors République du Zaïre, des milliers de
soldats dont beaucoup étaient des Rwandais ou rwandophones qui n’ont
pas laissé un très bon souvenir aux congolais en général et aux kinois
en particulier, compte tenu du ressenti des populations congolaises sur
la politique étrangère de Kigali, qui crée un sentiment d’injustice
face aux crimes supposés ou avérés de l’armée rwandaise ou de ses «
succursales que sont des mouvements armées de libération pseudo
congolais comme le CNDP et le RCD, il sera dur de faire accepter à la
population congolaise comme à ses diasporas cette demande de
naturalisation de réfugiés rwandais en RD Congo.
Il y a déjà eu par le passé des cas de populations rwandaises venues en
territoire Zaïro-Congolais qui furent acceptées, intégrées et même
placées à de hautes fonctions par feu le président Mobutu grâce à leur
compétence comme ce fut le cas de Mr Bisengimana et d’autres.
Cependant, le contexte était différent car il n’y avait pas de
contentieux entre le Rwanda et le Zaïre. Or actuellement, le peuple
congolais dans sa généralité verrait l’acceptation de Kinshasa à cette
demande comme une allégeance plus qu’officielle à Kigali en le
débarrassant d’une population parfois encombrante voire dérangeante.
Il est vrai que beaucoup de réfugiés rwandais en RD Congo ne demandent
qu’à pouvoir retourner chez eux mais dans le cadre d’un dialogue inter
rwandais garantissant leur intégrité. Un dialogue en demi teinte voire
biaisé car répondant d’abord aux attentes du régime de Kigali seul. Car
comment comprendre que d’un côté les réfugiés congolais aspirent à
retourner chez eux et les réfugiés rwandais à demander une
naturalisation? Ce qui sous entend qu’ils doutent de l’intégrité de
leur vie une fois au pays et de la sincérité du dialogue inter rwandais.
Naturaliser ces populations, c’est peut-être allumer à nouveau une
autre bombe à retardement que le peuple congolais n’a plus du tout
envie de voir exploser à sa figure après avoir fraternellement ouvert
sa porte à ses frères des Grands Lacs dans les années 60, 70 et 80. La
liberté et les droits dont ils jouissent actuellement sont suffisants
pour mener une vie paisible et stable. Mais de là à demander la
nationalité, il est une frontière symbolique à ne pas franchir.
Les blessures encore ouvertes dans la conscience collective du peuple
congolais ne peuvent nous permettre le luxe d’octroyer ce droit à une
population « extra frontalière », pour ne pas utiliser le terme
étranger, même au nom de la paix sociale et des droits de l’homme et
des réfugiés, d’acquérir la nationalité congolaise dans ces temps
troublés que nous traversons encore en tant que Nation Congolaise. Ce
n’est pas le bon moment et ce n’est pas la bonne demande… de la part du
HCR.
Source: M’BUZE Momi/Jambonews