Fédération P.D.G. République Fédérale d´Allemagne

Réprésentation du Parti Démocratique Gabonais en Allemagne

posté le 10/05/11

AFRIQUE FRANCOPHONE: ces cours constitutionnelles de l’apocalypse

Il y en a qui n’ont cru ni à leurs oreilles, ni à leurs yeux en entendant ou en voyant, le 6 mai dernier, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, le professeur de droit Paul Yao N’Dré, (re)proclamant, les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.

Et cette fois en faveur du candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Dramane Ouattara (ADO). Pourtant, il n’y a pas eu, entre-temps, une autre élection. Dans la suite de la proclamation des résultats, le Conseil, au grand complet, a reçu le lendemain le serment du nouveau chef d’Etat. La boucle est bouclée, en ce qui concerne le Conseil constitutionnel, qui, entre décembre 2010 et mai 2011, a proclamé deux résultats et reçu le serment de deux chefs d’Etat.

Il faut vraiment être en Côte d’Ivoire pour vivre pareille situation, serait-on tenté de dire. Et, apparemment, celui qui a été à la base de cette cacophonie, à savoir le président du Conseil constitutionnel, n’en a cure. Il n’y voit pas sa responsabilité personnelle dans la grave crise postélectorale qu’il a provoquée à dessein en ne disant pas le droit. Pour lui, ce qui est arrivé est la faute à tout le monde, la culpabilité de Satan "qui a possédé tout le monde". C’est sans doute pour ne pas paraître trop ridicule ou faire pousser des cris d’orfraie qu’il s’est gardé de dire que la chape de plomb qui s’est abattue sur le pays est tout simplement la volonté de Dieu. Sacré Yao N’Dré que certains de ses compatriotes ont vite surnommé M. gâchis !

 

Les Africains aiment se dédouaner à bon compte. On ne le dira jamais assez : la crise postélectorale ivoirienne ne serait pas intervenue si le Conseil constitutionnel n’avait pas trafiqué les résultats provisoires et proclamé Laurent Gbagbo vainqueur. On aurait fait l’économie de tous ces morts, du chaos généralisé, etc. Mais tout cela ne fait apparemment ni chaud, ni froid au professeur Yao N’Dré qui semble dire qu’il n’a fait que son travail sans se préoccuper des conséquences que son acte a entrainées. Et à l’entendre parler, à le voir agir, c’est à se demander s’il a le sens de l’honneur, s’il peut toujours se regarder chaque matin dans la glace. Il y en a qui jurent qu’à sa place, ils n’accepteraient jamais de se déjuger, de s’humilier comme il l’a fait. Ils seraient restés dans leur logique en démissionnant, refusant du même coup de reconnaître et de légitimer les nouvelles autorités. Hélas ! On n’a pas tous la même conception de l’honneur. Comme on le dit, il faut du tout pour faire un monde.

L’attitude du président du Conseil constitutionnel ivoirien repose une fois de plus le rôle des hauts commis de l’Etat nommés à de hautes fonctions. Sous nos tropiques en général et en Afrique francophone en particulier, beaucoup d’entre eux se croient redevables à ceux qui leur ont confié ces responsabilités. Devenus des obligés des autorités, ils sont prêts à avaliser les forfaitures de ces dernières. L’exemple patent est une fois de plus celui de Paul Yao N’Dré qui a préféré rendre service à Laurent Gbagbo, et non à la Côte d’Ivoire et à son peuple.

Malheureusement, en tant que juge électoral, il a peut-être oublié que la contestation de ses décisions peut prendre des tournures dramatiques dans un domaine aussi sensible que le pouvoir d’Etat. Yao N’Dré n’a pas eu le courage de la présidente du Conseil constitutionnel nigérien qui n’a pas hésité à dire non à l’ancien chef d’Etat Mamadou Tandja dans son projet de Tazarché (continuité en haoussa). Et il y a de quoi être inquiet quand on sait que dans la sphère francophone africaine, il y a bon nombre de président(e)s de Conseils ou de Cours constitutionnels qui sont dans la même situation que leur homologue ivoirien. Ils sont tout simplement des hauts magistrats de service prêts à renvoyer l’ascenseur même si leur pays doit brûler.

On accusera peut-être le système qui veut que ces magistrats soient nommés par le chef de l’Etat, premier magistrat et président du Conseil supérieur de la magistrature. Mais au fond, c’est beaucoup plus une question de personnalité. Car, comment se fait-il que l’on n’assiste pas à des forfaitures, en France, l’ancienne puissance colonisatrice, alors que là-bas aussi c’est le chef de l’Etat qui nomme les magistrats dans les hautes fonctions ? Dans l’Hexagone, l’on sait mettre les intérêts généraux au-dessus de ceux personnels. C’est la raison pour laquelle on trouve des présidents d’institutions qui peuvent lancer au chef de l’Etat ceci : "Monsieur le président, vous m’avez nommé mais je ne vous connais plus" (1). Dans l’ex-métropole, les nominations se font aussi sur la base de la compétence et non seulement sur celle de l’amitié, du militantisme.

On devrait beaucoup prendre en compte cela en Afrique francophone sinon il faudra retrouver une autre formule pour éviter que nos Conseils et Cours constitutionnels ne disposent pas à leur guise des résultats des élections. Dans ce sens, la certification par des organisations sous-régionales est une piste sérieuse à explorer.

(1) On prête cette phrase à Hervé Bourges après sa nomination à la tête du Conseil supérieur de l’audiovisuel du temps de François Mitterrand.

 

Source: Lepays

 


 
 
posté le 10/05/11

Idriss Déby réélu à la présidence du Tchad avec plus de 88 % des voix

Le président tchadien sortant, Idriss Déby Itno, a été réélu dès le 1er tour de la présidentielle du 25 avril avec 88,66 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés lundi 9 mai par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Cette dernière a établi à 64,22 % la participation à ce scrutin, boycotté par les principaux opposants. Selon le décompte de la CENI, le ministre Albert Pahimi Padacké, resté en lice, a obtenu 6,03 % des suffrages et l'huissier opposant Nadji Madou, 5,32 %.


Arrivé au pouvoir par un coup de force en 1990, le président Déby était quasiment certain de l'emporter en raison du retrait des candidatures des trois principaux opposants. Dénonçant une "mascarade électorale", ils avaient appelé au boycott du scrutin. Ecrasés aux législatives du 13 février par le Mouvement patriotique du salut (MPS) du président Déby, Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar réclamaient notamment de nouvelles cartes d'électeur. La journée de lundi a été marquée par la mort dans la matinée de M. Kamougué, emporté par la maladie à l'âge de 72 ans.

M. Déby avait balayé les accusations et rétorqué que les trois opposants redoutaient d'être battus. Cette élection devait marquer le point d'orgue d'un processus de démocratisation du régime engagé avec l'accord du 13 août 2007, signé entre la majorité des partis d'opposition et le pouvoir. Dans un communiqué diffusé après le scrutin, le principal opposant, M. Kebzabo, avait estimé le taux de participation à "20 %", parlant d'un "boycott historique" et évoqué un "camouflet sans précédent" pour M. Deby qui selon lui "a perdu toute légitimité". Le parti de M. Déby, le MPS, avait, lui, jugé la participation "correcte".

 

Source: Lemonde

 


 
 
posté le 10/05/11

Missile éliminé, fin de course pour les clubs gabonais en Coupes africaines

Seul représentant gabonais encore en lice dans une compétition continentale, Missile FC a été éliminé vendredi soir par la Jeunesse Sportive Kabylie (JSK) d'Algérie en 8eme de finale retour de la coupe de la Confédération Africaine de Football (CAF); ce qui sonne la disparition totale du football national des joutes alors qu'il s'agissait la d'un excellent test de son niveau dans l'optique de la Coupe d'Afrique des Nations (Caf) co organisée en janvier 2012 par le Gabon et la Guinée Equatoriale.
Missile Football Club, pourtant vainqueur au match aller par 3 buts à 0 à Libreville, a été rattrapé au score par la JSK avant de sombrer définitivement aux tirs au but à l'issue du temps réglementaire. Dans cet exercice, les ambassadeurs gabonais n'ont point réussi à inquiéter le portier algérien.

A croire que Missile a laissé échapper ses chances de qualification deux semaines plus tôt en ratant un penalty qui, transformé, aurait pu changer la physionomie de la manche retour.

Au delà de cette hypothèse d'école, le constat est patent. Aucun club gabonais n'aura le privilège de disputer les quarts de finale ni de la Ligue des champions ni de la Caf, cette année charnière pour le football national.

Pour la symbolique, les férus du ballon rond caressaient le secret espoir de voir Missile ou Union Sportive de Bitam (USB) flirter avec le plus haut sommet des coupes africaines des clubs. Peine perdue.

De toute évidence, le choc psychologique ne s'est pas produit sur des joueurs qui auraient du faire rêver le public gabonais avant la CAN et surtout l'habituer, dans l’intervalle, aux victoires voire au succès l'an prochain.

Vraisemblablement, la machine à gagner - sans interruption - échappe toujours aux clubs. Il est temps que la culture de l'exploit s'incruste dans les mœurs.

D'ou la question: faut-il inventer le nouveau footballeur gabonais? Celui-ci devrait avoir une vision non seulement du jeu mais aussi s'imprégner des réalités pour mieux cerner les objectifs fixes par les pouvoirs publics qui financent les activités footballistiques à coups de millions de francs CFA. Les subventions allouées dans le cadre du championnat national l’en témoignent aisément.

Il est peut-être urgent qu'un contrat d'objectif soit signé par tout club qui émarge au budget de l'Etat pour tenter de mousser les prestations des acteurs gabonais engagés dans des compétitions aussi diverses que variées.

Cette gouvernance suppose l'introduction de nouvelles règles du jeu dans les rapports entre dirigeants de clubs et tutelle avec l'avantage de clarifier les choix. Certes, tout club ambitionne de prendre part à une compétition prestigieuse, mais encore faudrait-il se donner les moyens pour une présence plus qu'au honorable.

Place aux résultats, finies les apparitions furtives ou presque. Que le championnat (sans faille) au niveau de l'élite se corse avec des recrues qui allient savoir-faire et faire savoir.

Dans les années 80 et début 90, les attaquants pouvaient à la fois séduire et produire. L'As Sogara de Port-Gentil parvenue en finale de la Coupe des vainqueurs de coupe (ancêtre de l'actuelle coupe Caf) face à Al Haly d'Egypte, avait gratifié ''son'' public, lors de son parcours, d'un football champagne et dynamique.

Ce groupe désormais historique ne peut seul incarner le foot gabonais moderne qui gagne. D'autres se doivent de jouer leur partition dans un esprit de conquête.

A ce titre, les regards sont désormais tournes vers les Panthères version senior dont la préparation va s'intensifier pour relever le défi de 2012 en terre gabonaise.

 

Source: Gabonews

 


 
 
posté le 09/05/11

Vers un report des élections législatives

BIOMÉTRIE ET ÉLECTIONS LÉGISLATIVES : LE PRÉSIDENT ALI BONGO ONDIMBA DÉCIDE DE SAISIR LA COUR CONSTITUTIONNELLE

« J’ai écouté les différentes déclarations des représentants des partis ; je vais saisir la Cour constitutionnelle dans les meilleurs délais afin qu’elle statue sur la position consensuelle qui plaide en faveur du report des élections législatives », a déclaré le Président de la République Gabonaise, Ali Bongo Ondimba, au terme de la deuxième rencontre organisée avec les principaux leaders de la Majorité républicaine et de l’opposition sur l’opportunité ou non d’introduire la biométrie dès les prochaines élections législatives, normalement prévues pour la fin de l’année.


Cette décision intervient suite aux recommandations des différentes forces politiques représentées à cette réunion. Qu’il s’agisse des partis non affiliés à un groupement politique, du Front socialiste des partis de l’opposition (FAR et MSP), de la CPPCA/ACR ou encore des formations de la Majorité républicaine pour l’Emergence, les uns et les autres ont fourni au chef de l’État et aux participants des arguments privilégiant le report des élections législatives.

Dans leurs propos, les représentants des groupements politiques, Majorité républicaine et opposition confondues, ont démontré que l’organisation des deux événements majeurs que sont la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et les élections législatives n’était pas réaliste. De même, la mise en œuvre de la biométrie nécessite des mois de travail et un investissement de plusieurs milliards qui n’est pas prévu dans le budget de l’Etat pour l’année 2011. L’ensemble des intervenants ont reconnu que ces différents paramètres ne permettaient pas de garantir la transparence du scrutin souhaitée non seulement par les acteurs politiques, mais également par le peuple gabonais, dans un contexte africain et mondial où la préservation et le respect des libertés font partie des critères de bonne gouvernance.

 

Dans son intervention à la clôture de cette réunion de concertation, le Président Ali Bongo Ondimba a cependant tenu à préciser que si « de bons arguments avaient été présentés [concernant une demande de report de la date des élections législatives], il y a un inconvénient important au regard de la légalité que je ne peux mettre de côté. […] Je vais saisir la Cour Constitutionnelle. […] J’espère qu’elle pourra nous éclairer rapidement sur la marche à suivre, sans préjuger de sa réponse car la légalité est importante et ne peut être prise à la légère. » La Constitution de la République Gabonaise prévoit en effet que des élections ne peuvent être reportées qu’en cas de « force majeure ». Après saisie par le Chef de l’Etat et sur présentation d’un argumentaire par le gouvernement, il reviendra donc à la Cour Constitutionnelle de décider si la possibilité de mettre en place la biométrie justifie un report des élections législatives.

 

Concernant les remarques de plusieurs groupements politiques sur la nécessité d’un appel d’offre international pour la sélection du prestataire qui sera en charge de l’implémentation du système biométrique, le Chef de l’Etat a expliqué que « le débat sur cet appel d’offre peut être naturel. Pour ne pas induire les Gabonais dans l’erreur, nous avons eu recours pour la présentation technique [du 28 avril 2011 lors de la première réunion de concertation] à un des leaders mondiaux dans ce domaine [société Morpho, du groupe SAGEM/SAFRAN]. On ne devient leader mondial que si l’on est performant. […] Le choix de l’entreprise se fera sur la base d’un appel d’offres, mais avec un cahier des charges allant bien au-delà du seul aspect relevant des élections. »

Cette seconde réunion de concertation sur la biométrie fait suite à une première rencontre qui avait été organisée au Palais Rénovation le 28 avril dernier. Une concertation nationale avait en effet été décidée par le Président de la République Gabonaise suite aux appels répétés des différents partis politiques et de la société civile concernant l’utilisation de la biométrie dans le cadre des prochaines élections législatives.

 

Source: Presse Présidentielle

 

 

 


 
 
posté le 09/05/11

Cameroun: Paul Biya, entre mythes et réalités

La réputation du Président camerounais navigue entre fantasmes d’une population curieuse et traits de caractère confirmés par le cercle très rapproché.

Au Cameroun, les réputations se forgent à la vitesse de l’éclair. Beaucoup ne reposent sur rien et peuvent souvent frôler la médisance ou la calomnie. D’autres sont assez facilement vérifiables et trouvent une explication dans la sociologie du pays. Paul Biya, le premier des Camerounais, n’échappe pas à cette dure réalité.

Son côté mystérieux suscite divers commentaires et blagues. De même que cela a contribué à forger de nombreux mythes sur sa personne. Le mouvement de ses mâchoires laisse par exemple toujours songeur, lorsqu’il apparaît lors des cérémonies publiques, à la télévision et surtout lors de la grande parade du 20 mai pour la fête nationale camerounaise. Paul Biya a toujours l’air de mâcher quelque chose. Le politologue Mathias Owona Nguini, observateur averti des mœurs politiques au Cameroun, n’y va pas par quatre chemins: «Il est fort probable que ce soit des écorces d’arbres ou des racines de plantes qu’il mâche ainsi lorsqu’il est en public; et qui lui permettraient d’être invulnérable à toute forme d’agression extérieure.» Une manière de «se blinder» donc, comme on dit prosaïquement à Yaoundé ou à Douala.

Mais on peut se demander si Owona Nguini livre là une analyse objective ou s’il résume le sentiment de ses compatriotes. Les Camerounais ont en effet une forte propension à véhiculer des histoires qui touchent à la parapsychologie. C’est ce que confirme d’ailleurs Charles Atéba Eyéné, auteur de plusieurs livres hagiographiques sur Paul Biya: «Nous sommes des Bantous. Et, dans ce sens, l’adversité n’est jamais loin. Il est donc normal que le Président se protège, même si on ne saura jamais avec exactitude ce qu’il mâche. Il apparaît évident que tout cela a un côté quasi-mystique qui impressionne.» Charles Atéba Eyéné pense même que c’est une nécessité de «se blinder» ainsi pour un homme politique. Surtout quand il est si peu familier des bains de foule comme l’est le chef de l’Etat camerounais.

La rencontre avec Chantal

Sur ce plan, Michel-Roger Emvana, auteur d’une biographie de Paul Biya, Les secrets du pouvoir chez Karthala, affirme que «Biya vit replié sur lui-même, ce qui laisse planer de nombreuses zones d’ombre. D’ailleurs, il ne travaille qu’avec des hommes de l’ombre». Michel-Roger Emvana confirme ainsi une idée très répandue, jusque dans les tréfonds des quartiers populaires, selon laquelle son premier conseiller politique et diplomatique ne serait autre qu'Yvon Omnès, ancien ambassadeur de France au Cameroun de 1984 à 1993.

Autre sujet à sensation, c’est la rencontre du président Biya avec Chantal, la Première dame. Lorsqu’il l’épouse en secondes noces, en 1994, les commentaires vont bon train sur le lieu et l’origine de leur rencontre. Des mauvaises langues racontent vite que le Président l’aurait ravie à un de ses courtisans. D’autres encore évoquent le passé prétendument dissolu de cette jeune femme née en 1971 et ses manières, il est vrai à ce moment-là peu coutumières des usages du protocole républicain.

Dix-sept ans après, l’on en sait un peu plus. Tout au moins sur le lieu où est née leur idylle. Michel-Roger Emvana donne une version très croustillante: «Ils se sont rencontrés au cours d’une fête à Mvomeka’a [le village natal du Président, ndlr]. Chantal Vigouroux y était invitée, parce qu’elle était très amie de feue Elise Azar, la femme de Bonaventure Mvondo [dit Bonivent], le fils du frère aîné de Paul Biya.» Ils se seraient ensuite fréquentés dans le plus grand secret pendant plus d’un an, avant d’officialiser leur union par un mariage qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Une histoire simple donc, et presque romantique, comme le laisse penser le très zélé biyaïste Charles Atéba Eyéné.

Rapports troubles avec l’armée

Celui qui est également délégué à la presse et à la communication de la section des jeunes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, hausse en revanche le ton lorsqu’il s’agit d’évoquer les rapports de Biya avec l’armée, que l’opposition décrit comme des rapports de soumission de l’un à l’autre.  

«Le président Biya n’est l’otage de personne; il n’y a pas un seul pays où l’armée n’est pas ménagée», clame-t-il pour justifier le fait que le salaire des hommes en tenue n’ait pas été touché lorsque le salaire des fonctionnaires a été réduit à trois reprises pendant les années 1990.

Néanmoins la réforme de l’armée camerounaise intervenue en 2001 a surtout été perçue par l’opinion comme une vaste opération de promotion de nombreux officiers, et comme un prétexte pour élargir le corps des généraux. Puisque l’armée camerounaise n’avait pas vraiment connu de réaménagement depuis 1973, la réforme intervenue il y a dix ans fait dire à nombre d’observateurs qu’elle est l’expression de la fragilité des rapports entre le chef de l’Etat et les militaires depuis la tentative d’assassinat qu’il a essuyée en août 1983 et le putsch d’avril 1984.

Sans affirmer que Paul Biya est «l’otage» de l’armée, comme le disent ses adversaires, son biographe Michel-Roger Emvana estime tout de même que «le fait de ménager les hommes en tenue lui permet de maintenir une certaine stabilité pour son régime et dans le pays». Même si, toujours selon Emvana, il aurait difficilement pardonné aux auteurs des putschs de 1983 et de 1984, malgré la loi d’amnistie de 1989.

La rancune tenace

Le politologue Mathias Owona Nguini semble bien connaître le côté «un peu rancunier» du chef de l’Etat, qui ne supporterait aucune autre autorité que la sienne ni rien qui pourrait lui faire de l’ombre. «Ses rapports extrêmement tendus avec Titus Edzoa [NDLR : ancien secrétaire général de la présidence accusé d’avoir détourné 61 milliards de FCFA, soit 93 millions d’euros, et incarcéré depuis quinze ans] ne sont liés qu’à la préséance que ce dernier a sur le Président dans l’ordre de la Rose-Croix», affirme l’universitaire, qui est par ailleurs le fils d’un des pontes du régime.

Cela rappelle le limogeage fracassant, début 1987, de William Etéki Mboumoua. Le ministre des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) semblait, à cette époque, prendre tous les feux des projecteurs. «Tout cela n’était pas vu d’un bon œil par Paul Biya, ce d’autant plus qu'Etéki est le seul patron, à part l’ancien président Ahidjo, qu’il ait eu, entre 1962 et 1965.»  

Virtuose du songo’o

Si Paul Biya n’est pas connu pour être quelqu’un de très fougueux ni de très festif, une réputation semble cependant lui coller à la peau. Tout le monde s’accorde à dire que le Président camerounais est un excellent joueur de songo’o. Ce jeu est souvent évoqué par les adversaires de Biya pour le tourner en dérision: il ne travaillerait pas et passerait son temps à jouer. Ses partisans estiment en revanche que, à force de le pratiquer, il est devenu un grand stratège.

Ce jeu de société typique des régions du Centre et du Sud au Cameroun peut trouver un équivalent en occident avec le jeu d’échecs. Hautement stratégique, il consiste à prendre le maximum de pions à son adversaire. Les règles du jeu varient en fonction des ethnies, ce qui suppose une connaissance assez pointue des us et coutumes locaux. «Biya est un expert du songo’o; j’ai eu l’occasion de le voir jouer à plusieurs reprises», confirme Michel-Roger Emvana, qui ajoute que ses partenaires ne sont pas forcément ses ministres, mais un cercle très fermé d’élites bulu, l’ethnie du Président.

Ces parties de songo’o, comme l’explique le biographe du Président, débouchent quelques fois sur de longues soirées festives dans la résidence du chef de l’Etat à Mvomeka’a, où le bon vin coule à flots et où l’on danse au rythme du bol, une danse à deux des peuples Fang-béti-bulu du Sud-Cameroun. Un tableau qui contraste avec l’image guindée d’ancien séminariste que Paul Biya véhicule depuis bientôt trente ans.

 

Source: Slate Afrique

 


 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article