Fédération P.D.G. République Fédérale d´Allemagne

Réprésentation du Parti Démocratique Gabonais en Allemagne

posté le 23/06/11

Le président sénégalais renonce à réformer la Constitution

Face à la colère de la rue, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a renoncé in extremis, jeudi 23 juin, à son projet controversé de réforme constitutionnelle qui devait assurer son élection et le passage du pouvoir à son fils après son départ, a annoncé aux députés son ministre de la justice, Cheikh Tidiane Sy.

 

Cette réforme de la Constitution devait abaisser à 25 % le seuil minimum des voix nécessaires au premier tour pour élire un "ticket présidentiel" comprenant un président et un vice-président et ainsi assurer le maintien au pouvoir de Wade père et fils.

 

M. Sy a annoncé le retrait de cette mesure aux députés peu après l'ouverture de la séance plénière où elle devait être adoptée. Le président Wade "a pris en considération vos préoccupations" et "a pris bonne note" de toutes les réactions, "il m'a chargé de retirer ce projet de loi", a déclaré le ministre, l'air grave, suscitant des applaudissements nourris.

 

Au même moment, l'hémicycle résonnait de temps à autre de tirs de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre des manifestants qui jetaient des pierres à l'extérieur de l'Assemblée.

 

 

UNE DIZAINE DE BLESSÉS

 

Ces heurts ont fait au moins dix blessés, "dont un officier de police", selon l'Agence de presse sénégalaise. Un journaliste de l'AFP a vu un gendarme en sang, blessé par un projectile. L'ambassade de France avait invité les Français à limiter leurs déplacements en raison "des manifestations de protestation ou de soutien au projet de réforme constitutionnelle" qui "sont à prévoir aujourd'hui, 23 juin, à Dakar comme en province".

 

Jeudi, la France s'est dite "surprise" que cette réforme constitutionnelle "n'ait pas été précédée d'une large concertation". "Sur la forme, on peut être surpris qu'une réforme aussi importante, présentée à moins d'un an d'une échéance électorale majeure, n'ait pas été précédée d'une large concertation avec l'ensemble des acteurs politiques du pays", a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Bernard Valero, sans vouloir faire de commentaire sur le fond de la réforme.

 

L'affaire du "ticket présidentiel" a enflammé la rue sénégalaise et diverses composantes de la société : jeunes, syndicats, opposition, société civile… Des manifestations, réprimées, ont eu lieu le 22 juin dans différentes villes comme Kaolack (Centre), Ziguinchor (Sud) et Dakar. Dans la capitale, des groupes de jeunes avaient été violemment dispersés par les forces de l'ordre, qui ont interpellé un nombre indéterminé de personnes. Parmi celles-ci figurent deux rappeurs, dirigeant le mouvement Y en a marre, engagé contre les "injustices" du régime d'Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000.

 

Le chanteur Youssou N'Dour est sorti de sa réserve en dénonçant "une forfaiture" qui "hypothèque l'avenir du pays". Les Etats-Unis se sont déclarés "préoccupés", tout comme l'Union européenne, par une réforme qui risque d'"affaiblir les institutions démocratiques du Sénégal".

 

Source: Lemonde

 


 
 
posté le 23/06/11

La situation des réfugiés congolais et rwandais

Il existe actuellement 89.000 réfugiés rwandais en RD Congo disséminés entre les provinces de l’Est et du Centre et près de 53.000 réfugiés congolais actuellement au Rwanda au camp de réfugiés de Kiziba.

Tous des déplacés forcés suite aux guerres qui ont secoué la sous région depuis le début des années nonante à ce jour. Les uns ayant fui le Rwanda suite au génocide et à l’avancée des soldats du FPR durant leur conquête du pays les autres ayant dû abandonner leurs localités du Kivu en Rd Congo pour se réfugier au Rwanda suite aux différents combats entre l’armée Congolaise et les groupes armés tels que le CNDP et le RCD.

Actuellement, selon une déclaration du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies faite à Radio Okapi, organe de presse de la mission de l’ONU en RDC, environ 90% de ces réfugiés rwandais installés dans la province du Kasaï orientale, en RD Congo, seraient demandeurs de la nationalité congolaise car, selon le HCR, ils se sont intégrés, participent à la vie socio-économique locale, jouissent des mêmes droits que les congolais mais sans droit de participer à la vie politique ou aux élections.

De l’autre côté, au Rwanda, la situation des réfugiés congolais est tout à fait différente. L’intégration n’est pas vécue de la même manière. Les moyens mis en place pour leur intégration restent faibles et ces derniers ne manifestent pas le même désir de rester au Rwanda et encore moins d’en demander la nationalité. Pour ces réfugiés, l’optique du HCR est à la formation scolaire mais aussi au retour en RD Congo.

Le décor étant planté, voici « là où les romains s’empoignèrent« ! Compte tenu de la situation créée en 1997 par LD Kabila qui vit se déverser en RD Congo, alors République du Zaïre, des milliers de soldats dont beaucoup étaient des Rwandais ou rwandophones qui n’ont pas laissé un très bon souvenir aux congolais en général et aux kinois en particulier, compte tenu du ressenti des populations congolaises sur la politique étrangère de Kigali, qui crée un sentiment d’injustice face aux crimes supposés ou avérés de l’armée rwandaise ou de ses « succursales que sont des mouvements armées de libération pseudo congolais comme le CNDP et le RCD, il sera dur de faire accepter à la population congolaise comme à ses diasporas cette demande de naturalisation de réfugiés rwandais en RD Congo.

Il y a déjà eu par le passé des cas de populations rwandaises venues en territoire Zaïro-Congolais qui furent acceptées, intégrées et même placées à de hautes fonctions par feu le président Mobutu grâce à leur compétence comme ce fut le cas de Mr Bisengimana et d’autres. Cependant, le contexte était différent car il n’y avait pas de contentieux entre le Rwanda et le Zaïre. Or actuellement, le peuple congolais dans sa généralité verrait l’acceptation de Kinshasa à cette demande comme une allégeance plus qu’officielle à Kigali en le débarrassant d’une population parfois encombrante voire dérangeante.

Il est vrai que beaucoup de réfugiés rwandais en RD Congo ne demandent qu’à pouvoir retourner chez eux mais dans le cadre d’un dialogue inter rwandais garantissant leur intégrité. Un dialogue en demi teinte voire biaisé car répondant d’abord aux attentes du régime de Kigali seul. Car comment comprendre que d’un côté les réfugiés congolais aspirent à retourner chez eux et les réfugiés rwandais à demander une naturalisation? Ce qui sous entend qu’ils doutent de l’intégrité de leur vie une fois au pays et de la sincérité du dialogue inter rwandais.

Naturaliser ces populations, c’est peut-être allumer à nouveau une autre bombe à retardement que le peuple congolais n’a plus du tout envie de voir exploser à sa figure après avoir fraternellement ouvert sa porte à ses frères des Grands Lacs dans les années 60, 70 et 80. La liberté et les droits dont ils jouissent actuellement sont suffisants pour mener une vie paisible et stable. Mais de là à demander la nationalité, il est une frontière symbolique à ne pas franchir.

Les blessures encore ouvertes dans la conscience collective du peuple congolais ne peuvent nous permettre le luxe d’octroyer ce droit à une population « extra frontalière », pour ne pas utiliser le terme étranger, même au nom de la paix sociale et des droits de l’homme et des réfugiés, d’acquérir la nationalité congolaise dans ces temps troublés que nous traversons encore en tant que Nation Congolaise. Ce n’est pas le bon moment et ce n’est pas la bonne demande… de la part du HCR.

 

Source: M’BUZE Momi/Jambonews
 


 
 
posté le 23/06/11

Sénégal: Peur sur Dakar

Depuis qu’Abdoulaye Wade a décidé de faire adopter par l’Assemblée nationale un projet de réforme constitutionnelle, le Sénégal est sous haute tension.

 

Pour la dix-septième fois depuis 2000, Abdoulaye Wade a soumis aux députés un projet de loi modifiant la Constitution sénégalaise. Une proposition qui vise à élire le président de la République et le vice-président en même temps lors des prochaines élections de février 2012. Mais elle supprime également de fait le second tour, en permettant l’élection du «ticket» avec seulement 25% des suffrages exprimés. Une mesure qui maintient le pays en haleine depuis une semaine.

 

En réaction à ce qu’il qualifie de «forfaiture», le député-maire de Saint-Louis Cheikh Bamba Dièye s’est enchaîné le 21 juin aux grilles de l’Assemblée nationale pour dénoncer ce projet de loi. Un geste spectaculaire diffusé en boucle par les télévisions privées dakaroises, et qui a frappé les esprits.

«Je m'opposerai, jusqu'à la dernière énergie et de la manière la plus ferme et la plus vigoureuse, contre le projet de loi 2011/864 qui porte atteinte à notre démocratie, décrédibilise nos institutions et nos acquis démocratiques et entame la stabilité de notre pays. La désobéissance civile est la seule alternative qui nous reste», indique-t-il après son coup d’éclat.

 

Un «commando invisible» en embuscade

Des groupes révolutionnaires appelant au coup d’Etat et à l’insurrection se sont créés sur les réseaux sociaux. L’un d’entre eux, «Touche pas à ma Constitution» est l’œuvre d’un groupe qui se fait appeler Commando invisible de libération du Sénégal (Cils) dirigé par un mystérieux «sous-commandant Kocc Barma» et qui s’inspire clairement du fameux «commando invisible» d’Abobo mis en place par feu Ibrahim Coulibaly pendant la crise ivoirienne.

 

Sur son mur Facebook, le Cils indique:

«Le Sénégal nous a tout donné. Il est temps de lui témoigner notre patriotisme. Le pays va mal. Tous dans les rues pour une délégation spéciale au Palais. Manifestons notre rejet de la loi 2011/864 de la manière la plus forte».

Un autre groupe du même nom a fait du départ de Wade son leitmotiv. Animés par des personnalités en vue dans le pays, ces deux groupes prennent visiblement comme modèle système d’organisation des révolutions arabes via les réseaux sociaux.

 

Appel à l’Insurrection et au coup d’Etat militaire

Macky Sall, l’ancien Premier ministre tombé en disgrâce en 2008 et actuel président de l’Alliance pour la République (APR, opposition) est allé plus loin en demandant à l’armée de prendre ses responsabilités.

Sur la même lancée, Kantara Coulibaly, un commandant de la gendarmerie à la retraite, soutient que l’armée se rangera du côté du peuple:

«Je m’adresse à mes chefs de l’armée, il est temps qu’ils prennent leurs responsabilités, ils doivent anticiper sur la situation. Les jours à venir, le peuple sortira dans les rues et si Wade ne retire pas ce projet de loi il y aura un bain de sang. La troupe se rangera du côté de la masse, je vous l’assure, cette armée ne tirera pas sur le peuple».

Dans la même dynamique, Amath Dansokho de la coalition Bennoo Siggil Senegaal lance un appel à l’insurrection:

«Nous travaillons au soulèvement de la population. Ce qui prime c'est le départ de Wade. Nous irons jusqu'à l'insurrection et nous appelons le peuple entier. Nous allons amplifier l'offensive contre Wade».

Même son de cloche chez son camarade Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de progrès:

«Que les renseignements disent à Wade, nous allons instaurer un rapport de force parce que le pays ne lui appartient pas. Nous demandons à Wade de mettre une délégation spéciale au Palais»

 

Alioune Tine, président de la Rencontre africaine des droits de l’homme et initiateur du front «Touche pas à ma Constitution» a été l’objet de menace de mort. Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue africaine des droits humains a saisi la Fédération internationale des droits de l’homme pour alerte.

 

«Nous avons appris des informations selon lesquelles un plan de liquidation serait en cours, notamment en ce qui concerne Alioune Tine. Nous savons que chaque fois que la société civile s’érige en rempart contre des intentions de cette nature comme celles que nous vivons aujourd’hui, elle est la cible des gouvernants», a-t-il regretté.

 

L’artiste-compositeur Youssou N’dour, d’habitude très peu prolixe sur le débat politique, a demandé au président Wade de ne pas brûler le pays sur l’autel de ses ambitions personnelles:

«Dans un contexte marqué par une situation sociale durement ressentie par les populations, il me semble plus indiqué d’apporter des solutions aux problèmes actuels que de prendre date avec des ambitions personnelles susceptibles de plonger notre très jeune République dans le chaos. Je ne vois aucune cause qui justifierait une telle forfaiture. C’est pourquoi, j’appelle le pouvoir et l’opposition, mais surtout le pouvoir, à la raison et à prendre conscience de sa responsabilité devant Dieu et les hommes. Ce Sénégal est le nôtre, nul n’a le droit de le brûler», déclare le chanteur dans un communiqué.

Les jeunes du Mouvement Y’en a marre, le Front «Touche pas à ma Constitution», l’opposition, la société civile et diverses associations religieuses se sont donnés rendez-vous ce jeudi 24 juin pour exiger le départ du président Wade. Une mobilisation sans faille et une radicalisation qui ont obligé le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom à autoriser toutes les manifestations prévues.

 

Les Etats-Unis contre Wade, la France soupçonnée de connivence

La situation politique au Sénégal a poussé l’ambassade des Etats-Unis à condamner le projet de loi instituant un ticket à l’américaine. Ainsi, dans un communiqué, Marcia Bernicat indique que les Etats-Unis sont du côté du peuple: «Je dis ce que dit le peuple».

 

Si la position des Etats-Unis est claire, tel n’est pas le cas de la France, que beaucoup d’observateurs accusent de vouloir adouber le projet de dévolution dynastique du pouvoir. Des soupçons que la poignée de main de Deauville et le voyage de Wade à Benghazi ont fortement conforté, en ce sens que ce sont des actes interprétés au Sénégal comme un deal entre Wade et Sarkozy, qui se donnent mutuellement des gages.

 

Lundi Macky Sall a appelé les autorités françaises à garder la neutralité dans les affaires intérieures du Sénégal et à se mettre du côté du peuple sénégalais plutôt que de soutenir un clan.

 

«Je lance un appel au président de la République française, monsieur Nicolas Sarkozy. Qu’il ne soit pas abusé par le pouvoir sénégalais et les rapports qu’on peut lui présenter, mais qui ne lui donneront pas la réalité. Nous ne souhaiterions pas que par les interprétations et les manipulations qui sont en train d’être faites, on puisse faire croire au peuple sénégalais que la France n’est pas du côté de ses intérêts vitaux, mais qu’elle puisse agir pour le compte d’un clan», a affirmé l’ancien président de l’Assemblée nationale du Sénégal, devenu un des plus farouches opposants au régime d’Abdoulaye Wade.

 

Source: Slate Afrique

 


 
 
posté le 22/06/11

RDC - Des électeurs de 12 ans

La République démocratique du Congo abrite 68 millions d’habitants. En théorie, le nombre d’électeurs est bien inférieur à ce chiffre. Mais bientôt, le nombre d’inscrits sur les listes électorales pour les élections présidentielle et législative de novembre 2011 pourrait battre des des records. La campagne d’inscription sur les listes électorales est en cours, mais des fraudes ont déjà été dénoncées.

 

En effet, après enquête, la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) a constaté:

«Bon nombre d’enfants de moins de 18 ans se font enrôler pour voter lors des élections de novembre 2011», rapportait Kongo Times le 22 juin 2011.

Le 20 juin, France 24 mentionnait également des fraudes dans la région de Katanga, à l’est du pays. Sur son site, la chaîne montre même un enfant d'une douzaine d'années arborer une carte d’électeur officielle. Celle-ci fait mention d'une date de naissance étrange: 20 avril 1993, soit 18 ans au moment de l’inscription sur les listes électorales. Des observations similaires touchent la capitale Kinshasa, affirme mediacongo.net.

 

Depuis 1997, les Congolais n’ont plus de carte d’identité, celle-ci ayant été annulée à la chute de Mobutu. Seulement, rien ne l'a remplacée. Pour prouver leur identité, les habitants doivent présenter une attestation de perte de pièce d’identité. C’est ce même document qui sert de justificatif à l’élaboration des cartes d’électeurs.

 

Selon le Kongo Times, ces attestations seraient délivrées sans vérification des registres d’Etat civil, contre de l’argent. Des agents de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) interrogés par le journal et chargés de l’enrôlement au centre Ango-Ango dans la commune de Bandalungwa à Kinshasa confirment la rumeur.

 

C’est à la demande du président de l’Assemblée provinciale, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, un partisan de l’actuel président congolais Joseph Kabila, que les cartes d’électeur auraient été délivrées à des mineurs, selon France 24.

 

Pour la Fondation Bill Clinton:

«Les autorités municipales doivent mettre un terme à la délivrance des attestations de perte des pièces aux mineurs et demande à la Ceni de tout faire pour que les enfants mineurs en possession des cartes d’électeur puissent être empêchés de voter par un contrôle strict»

La communauté internationale porte en effet un vif intérêt au déroulement de l’élection congolaise, craignant un scénario à l’ivoirienne.

 

Source: Slate Afrique

 


 
 
posté le 22/06/11

Sénégal : Abdoulaye, Karim et les voies de la succession

On connaissait le boulanger d’Abidjan, voici l’enfarineur de Dakar ! Ce n’est peut-être pas l’un qui cachait l’autre. Mais depuis que Laurent Koudou Gbagbo a été « dégagé » de l’actualité politique africaine, les feux de la rampe éclairent d’un jour nouveau Me Abdoulaye Wade, président de la république du Sénégal.

 

Depuis bientôt douze années qu’il est au pouvoir, l’homme n’a cessé d’étonner et de détonner. Ces derniers temps, c’est un rêve dynastique dont on le soupçonne. Ambition que le président sénégalais dément farouchement sans rien faire, rien du tout, pour dissiper les soupçons. Bien au contraire. En témoigne le récent projet de réforme constitutionnelle adopté en conseil des ministres.

Le « pape du sopi », ainsi que l’on appelait Me Wade, n’était sans doute pas arrivé au pouvoir avec des rêves d’éternité. Mais l’appétit vient en mangeant. Et mieux on se sent servi (par le pouvoir), moins on souhaite le lâcher. Sauf si la nature et les jours qui baissent finissent par y contraindre. C’est alors toujours mieux de partir en sachant que ses proches, proches parmi les plus proches, auront le bénéfice des privilèges et des grandeurs que l’on abandonne, contraint et forcé. On me convaincra difficilement que le président sénégalais a réfléchi autrement.

 

Tout, dans sa gestion du pouvoir et dans ses rapports avec ses plus fidèles collaborateurs me le laisse penser. Il est formellement défendu de prendre de l’étoffe politique aux côtés de Me Abdoulaye Wade. Un crime de lèse-majesté que trop de collaborateurs de haut niveau ont payé cash. Dès lors que le président sénégalais a perçu l’éclosion d’une ambition et d’une capacité à prétendre à sa succession alors même qu’il n’avait pas encore fait connaître son intention de se retirer. Le couperet est bien souvent tombé sur les Premiers Ministres. Me Wade en a brûlé une bonne demi-douzaine en une dizaine d’années, presque toujours pour les mêmes raisons.

Au commencement, était Moustapha Niasse, appelé à former le premier gouvernement pour avoir fortement contribué à l’élection du Président de la république. Certes, l’homme a été rapidement limogé, mais pas pour les mêmes motifs que pour ses successeurs.

 

Entre Moustapha Niasse, transfuge de la famille socialiste et Me Wade, les divergences ont été autant idéologiques que de l’ordre de l’affrontement de deux egos surdimensionnés et donc indubitablement appelés à se séparer. La première femme Premier Ministre au Sénégal, Mame Madior Boye (de mars 2001 à novembre 2002) a quant à elle plus sûrement payé de son poste la tragédie du Joola, ce navire sénégalais dont le naufrage en septembre 2002 a fait plus de 1860 morts. Mais c’est à l’occasion de la mise hors-jeu de son successeur, Idrissa Seck, que l’allergie de Me Wade à l’éclosion d’ambitions mal maîtrisées dans ses azimuts va commencer à se préciser.

Idrissa Seck, fils adoptif et spirituel, pour ainsi dire, du président Abdoulaye Wade, va tomber en disgrâce au plus fort de sa popularité en tant que Premier Ministre et dauphin (pensait-il) du président de la république. Quelques mois après son renvoi (avril 2004), il sera même mis en accusation et incarcéré pour un fumeux dossier de détournement de fonds dans la ville de Thiès dont il était au préalable le maire.

 

L’affaire des chantiers de Thiès va valoir à Idrissa Seck 199 jours de détention dans des conditions draconiennes. Le sort de son successeur, Macky Sall, qui pourtant aura mis toute son énergie à pourfendre Idrissa Seck ne sera guère plus reluisant. Le 21 juin 2007, trois ans à peine après son entrée en fonction, il est écarté du gouvernement, mais entre au parlement dont il devient le Président.

 

Sa disgrâce lui proviendra de la « faute lourde » dont il a été accusé par les instances du parti présidentiel pour avoir convoqué le fils du président, Karim Wade, à l'Assemblée nationale pour audition sur les travaux de l'Agence nationale de l'Organisation de la conférence islamique (ANOCI). Son mandat à la tête du parlement est alors réduit de 5 à 1 an renouvelable (jamais renouvelé) et son poste de numéro 2 du PDS est supprimé. Il quitte lui-même ses fonctions à la tête du parlement en novembre 2008.

Depuis, la valse se poursuit à la primature sénégalaise. A la suite de Macky Sall, deux autres personnalités ont occupé le poste : Cheikh Hadjibou Soumaré jusqu’à sa démission en juin 2009 et Souleymane Néné Ndiaye depuis lors. Entre-temps, Me Wade a tourné son attention dévastatrice vers son chef de la diplomatie, Cheikh Tidiane Gadio, dont la réputation et les succès n’ont pas dû lui plaire très longtemps. Il en prenait sans doute un peu trop de graine. En octobre 2009, l’homme est débarqué sans ménagement après neuf ans de bons et loyaux services.

Une fois virés, les anciens partenaires du président Wade sont acculés dans leurs derniers retranchements politiques. Toutes les difficultés leur sont faites, ne serait-ce que pour créer un parti politique. Le cas Idrissa Seck en dit long sur la volonté de Me Wade de ne pas voir régénérer les potentiels adversaires politiques qu’il pense ainsi avoir défait.

En 2008, les motifs déjà bien évidents d’une telle attitude se précisent. Une personnalité fait son entrée sur la scène politique. Karim Wade, depuis 2002 semblait attendre son heure. Tout le monde ne lui reconnaît pas les talents que lui prêtent les responsabilités et les titres dont son père l’affuble. Mais le fils du président, malgré une cuisante défaite électorale lors des municipales de mars 2009, monte en grade auprès de papa.

 

Il est nommé ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. Portefeuilles qu’il cumule depuis octobre 2010 avec celui de l’énergie. Toutes choses qui ne le rendent pas plus populaire. D’autant que sa gestion de la préparation matérielle et technique de la réunion à Dakar de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) en 2008, même si elle le met au-devant de la scène, n’est pas restée exempte de reproches. Envers et contre tout, Karim Wade, aidé de son père, marche à la succession.

Le contenu du projet de réforme constitutionnelle dévoilé récemment est en effet loin de pouvoir prêter à équivoque. Trois innovations de taille y sont contenues : d’abord c’est désormais un ticket présidentiel sur le modèle américain (président et vice-président) qui dirigera l’Etat à l’issue de l’élection présidentielle. Ensuite, le rôle du vice-président est clairement énoncé. Il remplace le président « en cas de démission, d’empêchement ou de décès en cours de mandat ».

 

Le nouveau président peut même nommer un nouveau vice-président. Enfin, le projet de loi introduit un quart bloquant. Autrement dit, si un ticket obtient 25% des suffrages exprimés, il remporte le scrutin présidentiel dès le premier tour. Dans l’état de délabrement où se trouve le parti présidentiel à l’heure actuelle, et face à une opposition plus que dispersée, le plan est clair.

Après cela, allez essayer de me faire croire que Me Wade n’a pas d’ambition dynastique ou que tout ce qu’il a fait ces dernières années, a été fait dans l’intérêt de sa famille politique et pas de sa famille tout court. Allez me faire croire que sur le ticket du PDS, il puisse figurer un autre candidat que Karim aux côtés de son papa. Je n’y croirais pas. Le président sénégalais ne choisira certainement pas quelqu’un d’autre que le seul qui, depuis son accession au pouvoir, a trouvé grâce perpétuelle à ses yeux pour être son potentiel successeur.

La seule question qu’il me reste alors à solutionner, c’est de savoir comment Me Abdoulaye Wade fait depuis plus de dix ans pour ainsi mener tout son monde à sa guise. Car, le risque est élevé que ce projet-là aussi, comme d’autres avant lui, soit adopté par un parlement de toute évidence aux ordres.

 

Pour un Sénégal dont l’intelligentsia est pourtant l’une des plus réputées du monde francophone africain, il y a de quoi s’interroger. S’interroger pendant que Me Wade, pose méthodiquement les bases du Sénégal de demain. Du Sénégal avec Wade sans Wade.

 

Source:James-William GBAGUID/La Nouvelle Tribune

 

 


 
 
 

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